« Je suis venu avec un message simple : les Nations Unies sont avec vous. Ma solidarité va au peuple haïtien, qui fait face à un terrible cycle de crises sécuritaires, politiques et humanitaires qui s’exacerbent mutuellement », a déclaré le chef de l’ONU lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince. Il a effectué cette visite avant de participer à un sommet de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à Trinité-et-Tobago.
Il a rappelé que « la violence brutale des gangs touche chaque aspect de la vie publique et privée du pays », Port-au-Prince étant « encerclé par des gangs armés qui bloquent les principales routes menant aux départements du nord et du sud, contrôlent l’accès à l’eau et à la nourriture, aux soins de santé ».
Des « gangs prédateurs »
Il s’est dit profondément préoccupé par l’extrême vulnérabilité des populations face à ces « gangs prédateurs » – notamment par l’impact disproportionné de cette violence sur les femmes et les filles et il a condamné avec la plus grande fermeté les violences sexuelles généralisées utilisées par les gangs armés « comme arme pour instiller la peur ».
Selon le Secrétaire général, la gravité de la situation exige « une attention urgente et soutenue, qui place les victimes et les populations civiles au centre de nos préoccupations et nos priorités ». « Nous avons besoin d’approches nouvelles et intégrées, alliant enjeux sécuritaires et politiques, État de droit, questions humanitaires et de développement », a-t-il ajouté. « Il ne peut y avoir de sécurité durable sans un rétablissement des institutions démocratiques – et il est impossible de parvenir à des solutions politiques pérennes et pleinement représentatives sans une amélioration drastique de la situation sécuritaire ».
« Chaque jour compte. Si nous n’agissons pas maintenant, l’instabilité et la violence auront un impact durable sur des générations d’Haïtiens », a insisté le chef de l’ONU, qui a réitéré son appel envers tous les partenaires pour renforcer le soutien à la police nationale – que ce soit en matière de financements, de formation ou d’équipements.
Assister la Police nationale d’Haïti
Il a remercié les bailleurs qui ont déjà pris des engagements en faveur du programme conjoint d’appui à la police nationale haïtienne.
« Nous avons besoin de beaucoup plus pour restaurer l’autorité de l’État », a-t-il dit, exhortant le Conseil de sécurité à autoriser « le déploiement immédiat d’une force de sécurité internationale robuste qui viendrait assister la Police nationale d’Haïti dans sa lutte contre les gangs ».
« Ce n’est pas le moment d’oublier Haïti ou d’affaiblir notre solidarité envers son peuple », a dit M. Guterres, rappelant que près de deux ans se sont écoulés depuis l’assassinat du Président Moïse. « Les auteurs de ce crime odieux doivent être traduits en justice. Et Haïti doit revenir à l’ordre démocratique dès que possible », a-t-il affirmé.
Lors de sa visite, le Secrétaire général a rencontré le Premier ministre, le Haut conseil de la transition, la société civile et les partis politiques et a discuté avec eux du besoin d’une entente politique pour mettre fin à la crise.
Ce n’est pas le moment d’oublier Haïti
Il a appelé tous les acteurs « à créer les conditions nécessaires au rétablissement des institutions démocratiques ». « Chacun doit dépasser ses intérêts personnels et faire des concessions afin de faciliter l’émergence d’une vision commune et d’un chemin électoral viable et crédible », a-t-il déclaré.
Il a salué les récents pourparlers interhaïtiens, facilités par le Groupe de personnalités éminentes de la CARICOM, en vue d’un consensus pour former un gouvernement d’unité nationale et élargir le Haut conseil de la transition.
Selon lui, « seul un dialogue national inclusif – avec une pleine participation des femmes et des jeunes – permettra de mettre fin à l’insécurité et de trouver des solutions politiques pérennes ».
Besoins humanitaires croissants
Sur le plan humanitaire, le Secrétaire général a noté que les besoins continuent d’augmenter, mais que le soutien international n’est pas à la hauteur des espérances.
Lors de sa visite, M. Guterres a aussi rencontré des Haïtiennes et des Haïtiens et a dit avoir ressenti « tout l’épuisement d’une population qui fait face depuis trop longtemps à une cascade de crises et à des conditions de vie insoutenables ».
Une personne sur deux en Haïti vit dans l’extrême pauvreté, est confrontée à la faim et n’a pas d’accès régulier à l’eau potable. Le plan d’intervention humanitaire, qui prévoit 720 millions de dollars pour venir en aide à plus de trois millions de personnes, n’est financé qu’à 23%.
Le chef de l’ONU a appelé la communauté internationale à venir en aide aux populations dans le besoin, estimant qu’il s’agissait d’une question de solidarité et de justice morale.
Il a par ailleurs salué « le courage et le dévouement des travailleurs humanitaires, qui œuvrent dans des conditions souvent difficiles » et dénoncé les attaques à leur encontre qui « doivent cesser immédiatement ». Il a aussi demandé aux parties prenantes de veiller au respect des droits humains et du droit international et de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.
https://news.un.org/fr/story/2023/07/1136597
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