Le Parti Communiste du Kenya a décidé de publier sa position, suite à la décision du Président Willian Ruto d’envoyer 1000 policiers en Haïti après différentes rencontres avec les États-Unis, le Canada et le Secrétaire Général de l’ONU. Une mission vue comme un acte de trahison.
Position du Parti Communiste du Kenya
La décision du président Ruto et de son gouvernement de déployer 1000 policiers kenyans en Haïti a soulevé une tempête d’indignation et de condamnation de la part de la majorité des Kényans, tant au niveau national qu’au sein du Parti communiste du Kenya. Cette décision est perçue comme une trahison à l’égard du peuple héroïque d’Haïti, le parti communiste affirmant fermement que la crise en Haïti n’est pas simplement le résultat de la violence des gangs, mais un problème délibéré orchestré par le noyau impérialiste, dirigé par les États-Unis et le Canada.
Démêler la lutte d’Haïti
Pour bien comprendre la gravité de ce déploiement, il faut se plonger dans le contexte historique d’Haïti. Le pays, première république noire indépendante au monde, a acquis sa liberté grâce à une révolution d’esclaves réussie au début du 19e siècle. Toutefois, ce triomphe sur l’oppression a rendu Haïti vulnérable aux ingérences et aux représailles des forces impérialistes. Le ressentiment persistant des puissances coloniales, en particulier de la France, s’est manifesté par des tentatives permanentes de déstabilisation de la nation et de réduction de sa souveraineté.
L’opposition légale : Limites constitutionnelles et tollé public
Le Parti communiste du Kenya, en solidarité avec Haïti, a adopté une position de principe et militante contre ce déploiement, soutenue par des actions juridiques telles que l’action en justice intentée par Third Way Alliance. Ces manœuvres juridiques ont abouti à des ordonnances temporaires qui ont interrompu le plan du gouvernement. Ces ordonnances sont fondées sur des articles de la constitution kenyane qui limitent les activités des services de police à l’intérieur de nos frontières territoriales, renforçant ainsi le principe selon lequel les forces nationales doivent servir les intérêts de leurs citoyens, et non ceux de puissances étrangères.
L’alignement du président Ruto sur les intérêts occidentaux : “Joe Biden Boy”
Le leadership du président Ruto, caractérisé par son alignement sur les intérêts de l’impérialisme occidental, a valu au gouvernement kenyan d’être qualifié de laquais des puissances occidentales. Le soutien constant de Ruto à la classe dirigeante des États-Unis, qui s’est manifesté récemment par son appui au projet sioniste et son silence assourdissant sur le génocide en cours à Gaza, lui a valu le surnom de “Joe Biden boy” au sein de la population kenyane. Cette situation s’inscrit dans un schéma plus large où les dirigeants des nations postcoloniales sont cooptés par des puissances étrangères pour servir leurs intérêts.
Complicité internationale : Le tampon du Conseil de sécurité des Nations unies
L’approbation ultérieure du déploiement par le Conseil de sécurité des Nations unies souligne la mainmise des forces impérialistes sur les organes internationaux. Cette décision, perçue comme une approbation automatique des décisions prises par les nations puissantes, érode encore davantage la crédibilité et les principes démocratiques des Nations unies. Le Parti communiste expose les motivations du gouvernement pour cette action, en citant les déclarations du ministre de l’intérieur Kithure Kindiki devant la commission de l’administration et de la sécurité intérieure, soulignant les profits potentiels pour le gouvernement kenyan.
Inquiétudes internes : Appréhensions de la police kenyane
Des entretiens menés au sein de la police nationale kenyane révèlent de profondes inquiétudes parmi les officiers, qui qualifient la mission de dangereuse et qui estiment que les conséquences potentielles n’en valent pas la peine. Des voix progressistes au Kenya mettent en garde contre les effets dévastateurs, exhortant le gouvernement à reconsidérer sa participation à l’avancement de l’agenda impérialiste des États-Unis. Ces dissensions internes soulignent que les personnes chargées d’exécuter cette mission se méfient de ses implications et prévoient les dangers potentiels qu’elle pourrait entraîner à la fois pour les forces de police kenyanes et pour le peuple haïtien.
La rhétorique de Ruto : Panafricanisme ou alliances étrangères ?
Les tentatives du président Ruto pour influencer l’opinion publique avec une rhétorique sur le panafricanisme et la solidarité noire sont jugées peu convaincantes, étant donné ses antécédents de discours contraires à ses actions. Le parti communiste dénonce le double langage de Ruto, l’accusant d’être à la solde d’intérêts étrangers, en particulier du FMI et de la Banque mondiale. Cela met en évidence le thème récurrent des dirigeants qui utilisent des discours grandioses pour masquer leur conformité avec des puissances extérieures.
Méfiance à l’égard de la police kenyane : Une force entachée de corruption
Le Parti communiste du Kenya exprime son manque de confiance dans la police kenyane, connue pour sa corruption, son manque de professionnalisme et ses violations des droits de l’homme. Les récents incidents de violence policière lors de manifestations mettent encore plus en évidence l’incapacité de la police à mener à bien des missions en faveur du peuple. Le Parti affirme que le déploiement d’une telle force en Haïti ne servira que de façade à la stratégie d’occupation des États-Unis.
Les visées impérialistes sur Haïti : Un avenir précaire
En conclusion, le Parti communiste du Kenya considère la collaboration du gouvernement kenyan avec les États-Unis comme un nouveau moyen de maintenir l’hégémonie mondiale. Le déploiement devrait aggraver la crise en Haïti, le Parti s’engageant à demander des comptes aux responsables devant les tribunaux kenyans et l’opinion publique lorsque les inévitables housses mortuaires arriveront de Port-au-Prince à Nairobi. Cette intervention, motivée par des visées impérialistes sur les ressources d’Haïti, menace non seulement la stabilité de la nation haïtienne, mais aussi la crédibilité et l’intégrité de l’engagement du Kenya envers les principes de justice et de souveraineté.