On dit « de deux maux, il faut choisir le moindre ». Conseil Présidentiel, un mal qui fait peur car s’agissant d’un monstre à sept têtes et deux queues ! Juge de la Cour de cassation ou plus ancien juge, une stipulation qui soulève des questions qui donnent des maux de tête !
La bête à plusieurs têtes qui embête presque tout le monde et dont les membres sont formés par des individus rattachés au pouvoir et par un pan de la gauche maladroite qui est un reflet de la droite ténébreuse qui l’accompagne, est tout simplement une caricature. Déjà, peu avant le départ du « reste du Sénat », la proposition de Montana, bien que meilleure à l’époque, était vivement critiquée et même rejetée. Elle présentait certaines failles qui méritaient d’être corrigées. Et là, on nous présente cette proposition révisée mais si déformée, boiteuse et confuse qu’on voit ce monstre sortir et manger plusieurs de ses têtes pour en reproduire d’autres et les remplacer. Alors, on se demande si ce conseil, informe dès la conception, et présentant tant de problèmes, ne va pas plonger le pays plus profondément dans l’abysse. L’histoire nous rappelle que cette formule n’a jamais accouché quoi que ce soit de bon-alors que le pays n’était pas si divisé dans le temps et qu’on n’avait pas cette catégorie d’hommes et femmes politiques véreux et si avides de gain rapide. Entre autres, est-ce un moyen de prouver aux « géniteurs »de cette formule que leur bébé est anormal et qu’il leur est recommandé de ne plus être actifs ou de ne plus « reproduire».
Le Conseil Présidentiel (CP) se présente comme une « machine dysfonctionnelle et budgétivore » où toutes les pièces qui la composent sont trop anciennes et trop disparates pour être efficaces. Ce groupe, s’il arrive à la tête du pays, aura encore plus de cadavres à son actif car venant d’entités très corrompues et apparentées à la « racaille politicailleuse », mafieuse et hominivore des dernières décennies. Faut-il déconseiller ce conseil ? Oui…
Et si on demandait aux membres du CP de faire du bénévolat, le monstre resterait -il vivant ou assisterions-nous à sa désintégration instantanée ou une dégradation immédiate ? On n’a pas besoin d’être devin pour « déchiffrer » la motivation de ces individus et augurer ce qu’ils feront du pays- surtout de ce qui reste comme ressources. Remontons à la source et suivons le chemin constitué de détours et de volteface qu’est leur parcours. « Joumou pa donnen kalbas » (L’arbre qui produit le giraumon ne doit pas être pris pour un calebassier). Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre…Ces individus veulent faire croire qu’ils ont le bien collectif en tête, alors qu’en fait, ils ne veulent qu’amasser les biens de l’État. Leurs cœurs sont éloignés de la patrie. Si Haïti était une priorité, auraient-ils accepté une force étrangère sur le sol haïtien ? Ne pouvaient-ils pas négocier la venue en Haïti, d’anciens vétérans haïtiens, sortis des rangs des armées étrangères pour encadrer, entrainer et « réformer nos policiers » ? De plus, en quoi la nomination d’Ariel diffère -t-elle de celle du CP (conseil présidentiel). « Senkant santim.. de gouden »( Cinquante centimes, deux pièces de vingt-cinq sous). Ils sont pour la plupart des « loups en vêtements de brebis » qui n’attendent que le moment de dévorer tous ceux qui se dresseront pour dénoncer leurs dérives, des « tombeaux blanchis » dont la puanteur ne tardera pas à nous incommoder, des « serpents » et des « races de vipères » dont le venin stimulera les gangs à continuer à empoisonner encore plus la vie des gens- juste pour garder le pouvoir.
Bref, que nous dit la Constitution de 1987 ? Selon l’article 149 de la Constitution de 1987 « En cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit, le Président de la Cour de Cassation de la République ou, à son défaut, le Vice-Président de cette Cour ou à défaut de celui-ci, le juge le plus ancien et ainsi de suite par ordre d’ancienneté, est investi provisoirement de la fonction de Président de la République par l’Assemblée Nationale dûment convoquée par le Premier Ministre. Le scrutin pour l’élection du nouveau Président pour un nouveau mandat de cinq (5) ans a lieu quarante-cinq (45) jours au moins et quatre-vingt-dix (90) jours au plus après l’ouverture de la vacance, conformément à la Constitution et à la Loi Électorale ».
Peut-on appliquer cet article ? DÉFINITIVEMENT NON ! Le poste de Président est vacant depuis le 7 juillet 2021 et vu que les juges n’ont pas été considérés mais plutôt un Premier Ministre de facto a été désigné par la communauté internationale, cette disposition – si on la considère en fonction du temps tout simplement- est complètement désuète et inapplicable. De plus, il aurait fallu que l’Assemblée Nationale, convoqué par le Premier Ministre, l’investisse. Le pays n’a ni Parlement ni Premier Ministre depuis la mort de Jovenel Moise. L’article 149 ne parle ni de Premier Ministre de facto ni de Premier Ministre par intérim, ni d’Assemblée d’individus quelconques ! De plus, les juges nommés par Ariel ont été nommés « entièrement dans un total irrespect » de la Constitution. Se souvenir de toutes les contestations que ces nominations avaient suscitées.
Peut-on se rapprocher de cet article ? Tout à fait ! Mais…tâche difficile ! En effet, les anciens juges de la Cour de cassation et même les actuels ne conviennent pas parce qu’ils ont laissé piétiner cette même Constitution qui doit les consacrer. Où étaient les anciens juges ou même le plus ancien quand la communauté a fait sortir le tweet en 2021 pour propulser Ariel. De surcroît, avaient-ils vérifié que les arrêtés publiés et autres dispositions prises par ce dernier étaient en conformité aux règles de droit. S’étaient-ils assurés que les textes de lois étaient interprétés adéquatement ?
S’il faut respecter l’esprit de la Constitution (sans la lettre), et adopter l’idée d’un juge, il nous faut un « très ancien magistrat », ayant fait preuve de moralité et de professionnalisme ; son mandat durera au maximum 180 jours, car une longue transition n’est pas nécessaire. Sa feuille de route comportera la sécurité pour favoriser et tenir des élections et la conférence nationale, prônée par notre ami Turneb Delpé. Il sera évalué à partir de cette feuille de route. S’il est compétent et s’il veut sauver le pays, il contactera qui de droit pour assurer cette sécurité, dès son entrée en fonction.
La conférence est cruciale parce que sans une reconnaissance de nos torts, de nos manquements, sans l’identification de ce qui nous divise et les corrections à apporter pour y remédier, sans les débats sur la vie nationale et les résolutions prenant en considération les revendications populaires, la misère, l’inégalité flagrante, les droits bafoués, la méfiance, le discrédit institutionnel, etc… nous ne sortirons pas du chaos ; ainsi, nous aurons toujours à gérer des crises et nos cadres, nos jeunes tourneront le dos au pays ; nos gouvernements se succèderont en laissant toujours des vides institutionnels. Nous poursuivrons de lever les yeux vers la communauté internationale pensant que de là, nous viendra le secours- oubliant que le secours ne peut venir que de la réconciliation et de l’union des enfants du pays. En effet, les troupes étrangères ne seront qu’un palliatif parce que les gangs seront peut-être inactifs mais pas repentants. De fait, ils se manifesteront après le départ des étrangers. « Depoze zouti pa vle di kite metye » (Le fait de laisser tomber son outil de travail, ne signifie pas qu’on a abandonné son métier). Non, on n’aura pas extirpé le mal, ce cancer qui nous ronge ! Alors, il vaut mieux renforcer notre police pour une paix durable.
Conseil Présidentiel ou Juge ? « De deux maux il faut choisir le moindre ». Le moindre pour nous, c’est quoi ? Qu’en dites-vous ? Pour le moment nous sommes pressés par la situation infernale que vivent les habitants du pays et surtout ceux de la région métropolitaine ? Y aurait-il une autre option comme un conseil qui ne dure que quelques jours à deux semaines, juste pour désigner un Président et un Premier Ministre dont la durée du mandat se rapprocherait de celle prévue dans l’article 149 et dont la fonction serait de réunir et d’unir le peuple pour recueillir les éléments nécessaires à la rédaction d’un véritable contrat social et aboutir à un gouvernement stable. Le pays ne peut plus faire les frais de payer des salaires et frais onéreux à des gens qui jusqu’ici ont prouvé qu’ils ne sont animés que du désir d’accéder au pouvoir par tous les moyens- sans aucun décorum. Nous avons un pays à reconstruire et un tissu social à restaurer et rétablir. Il est temps d’arrêter les dilatoires ! Que chaque personne, de son côté, commence à réfléchir sur les points à débattre pour remettre le pays sur ses « pieds » et des bases solides. Haïti ne peut plus attendre ! C’est le moment de lever les yeux vers Haïti car le secours ne viendra que de son sein !
Que nos cœurs deviennent sensibles ! ; que nos oreilles endurcies et nos yeux fermés s’ouvrent… Que nous nous convertissions en de vrais patriotes, et que nous recherchions la paix et travaillions pour le progrès d’Haïti !
Dr. Winie E. Robin
Conférence Nationale : Sauver Haïti (Facebook)
2 avril 2024