Crise en Haïti : Les policiers kenyans peuvent-ils vaincre les gangs ?
Le Kenya s’est engagé à diriger une force de sécurité multinationale en Haïti, en réponse à l’appel lancé par le Premier ministre de ce pays des Caraïbes pour qu’il l’aide à rétablir l’ordre. Que propose le Kenya ? Le Kenya a déclaré qu’il enverrait 1 000 policiers en Haïti. YOU MAY ALSO LIKE Guy Roméro Latry le nouveau Directeur Général du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE) Insécurité : le Binuh prévoit d’installer un bureau en dehors du département de l’ouest ou dans la sous-région Lorsque cette proposition a été faite pour la première fois en juillet, les responsables kenyans ont déclaré que les policiers garderaient les bâtiments et les infrastructures du gouvernement, mais ce plan a été modifié après l’envoi par le Kenya d’une mission d’enquête le mois suivant. Le pays souhaite désormais déployer une force d’intervention qui neutralisera les bandes armées, protégera les civils et ramènera la paix, la sécurité et l’ordre. Le ministre des affaires étrangères Alfred Mutua a déclaré à la BBC que son pays souhaitait également aider Haïti à reconstruire les infrastructures vitales et à mettre en place un gouvernement démocratique stable. Les Bahamas, la Jamaïque et Antigua-et-Barbuda ont déclaré qu’ils participeraient à la mission et le ministre a ajouté que l’Espagne, le Sénégal et le Chili étaient également susceptibles de déployer du personnel de sécurité. Personne ne peut être déployé tant que le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas donné son feu vert, mais M. Mutua a déclaré qu’il s’attendait à ce que la force soit en place d’ici le début de l’année prochaine. Que trouvera la police kenyane en Haïti ? Haïti connaît une crise sécuritaire et humanitaire aux multiples facettes que M. Guterres a qualifiée de “cauchemar vivant”. Des pans entiers de la capitale côtière Port-au-Prince, bercée par les montagnes, sont contrôlés ou régulièrement terrorisés par des gangs lourdement armés (certaines estimations parlent de 80 %). Ces gangs, dont les noms en créole haïtien sont “Kraze Barye” (écraseur de barrières) et “Gran Grif” (grande griffe), ont, au cours des deux dernières années, commis des vols, des pillages, des extorsions, des enlèvements, des viols et des meurtres. Armés de pistolets automatiques provenant pour la plupart des États-Unis, les membres du gang sont souvent plus forts que la police locale, dont ils brûlent parfois les véhicules et les postes de police. Ils contrôlent, ou font régulièrement des raids, sur les principales voies d’entrée et de sortie de la capitale. Une anarchie similaire règne dans de vastes régions de l’ouest et du centre d’Haïti, où des “bandits” itinérants, comme les habitants appellent les membres des gangs, envahissent et brûlent les villages et les villes. Les gangs ont semé le chaos et perturbé les services publics et le travail des agences d’aide, aggravant la pauvreté et les problèmes de santé dans un pays qui était déjà le plus pauvre de l’hémisphère occidental. Quels sont les avantages pour le Kenya ? M. Mutua a en partie présenté cela comme une offre altruiste. Haïti a regardé autour d’elle et a dit : “Kenya, aide-nous s’il te plaît”. Il n’a demandé l’aide d’aucun autre pays. Nous avons décidé de faire la volonté de Dieu et d’aider nos frères et sœurs”, a déclaré le ministre kenyan des affaires étrangères lors d’une conférence de presse. Cependant, M. Mutua a indiqué à la BBC que l’intervention en Haïti rehausserait le profil mondial du Kenya, ce qui pourrait être bénéfique pour le pays. Certains analystes ont estimé que le Kenya était aux ordres des États-Unis et qu’il espérait s’attirer les faveurs de la superpuissance mondiale. Les États-Unis se sont engagés à soutenir financièrement la mission à hauteur de 100 millions de dollars (82 millions de livres sterling). Lors d’une récente visite au Kenya, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a signé un accord de sécurité de cinq ans et a également déclaré que les États-Unis étaient “reconnaissants au Kenya pour son leadership dans la lutte contre les problèmes de sécurité dans la région et dans le monde entier”. La police kényane est-elle prête pour ce type de mission ? De nombreuses critiques ont mis en doute la capacité de la police kenyane à s’attaquer aux gangs haïtiens. Ils devront se retrouver face à face avec des membres de gangs armés sur un terrain peu familier. M. Mutua a déclaré que le gouvernement s’était préparé à ce déploiement. Mais il n’a pas divulgué plus de détails sur la planification, si ce n’est que les autorités donnent actuellement des cours de français à certains des officiers pour faciliter la communication en Haïti. La barrière linguistique a suscité quelques inquiétudes, car en Haïti, les gens parlent principalement le français et le créole haïtien, alors qu’au Kenya, les langues les plus couramment parlées sont l’anglais et le swahili. Quelle est l’efficacité de la police kenyane ? Les policiers kenyans sont depuis longtemps critiqués pour les violations des droits de l’homme qu’ils commettent. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude quant à la capacité des policiers à agir de manière humaine et responsable en Haïti. Dans une lettre ouverte adressée au Conseil de sécurité des Nations unies en août, Amnesty International s’est déclarée préoccupée par ce projet en raison des antécédents de la police kenyane en matière de recours à une force excessive et inutile. L’organisation a indiqué qu’elle avait recensé plus de 30 cas de policiers kenyans ayant tué des manifestants par balles ou par asphyxie au gaz lacrymogène lors de diverses manifestations cette année. Amnesty a également accusé la police de battre les manifestants, de les arrêter et de les détenir illégalement. Le chef de la police kenyane, Japhet Koome, a qualifié de “louable” la réaction de ses agents aux récentes manifestations. Il a nié les accusations d’assassinats de policiers et a déclaré de manière sensationnelle que des politiciens de l’opposition avaient placé des corps loués à des morgues sur les lieux des manifestations afin d’imputer les décès à son personnel. Quel … Lire la suite de Crise en Haïti : Les policiers kenyans peuvent-ils vaincre les gangs ?
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