Le Réseau national des élus haïtiens-américains (NHAEON) et “FANM in Action” ont adressé une correspondance ce 22 septembre 2023 au président Américain Joe Biden et au secrétaire d’état Anthony Blinken pour s’opposer fermement à une intervention militaire internationale en Haïti.
Une correspondance dans laquelle les deux organisations fait les exigences suivantes :
– Pas d’intervention militaire et/ou de mission dirigée par l’ONU en Haïti
– Retirer le soutien au régime de facto du Dr Ariel Henry.
– Soutenir la mise en place d’un gouvernement de transition légitime.
– Bloquer les livraisons d’armes à Haïti et enquêter à leur sujet.
En effet les deux organisations américaines croient que “toute intervention militaire soutenant le régime corrompu, répressif et non élu d’Haïti risque d’exacerber la crise politique actuelle et de la rendre catastrophique. Elle renforcera le régime, aggravera la crise politique haïtienne tout en faisant de nombreuses victimes civiles et en exerçant une pression migratoire”.
D’après elles, “si les États-Unis souhaitent réellement stabiliser la situation politique afin d’éviter une crise humanitaire catastrophique en Haïti, ils commenceront par cesser de soutenir le gouvernement corrompu et permettront l’émergence d’un gouvernement de transition consensuel ayant la légitimité nécessaire pour décider de la manière dont la communauté internationale peut apporter sa contribution.”
Le gouvernement de facto inconstitutionnel actuel, dirigé par le Premier ministre Ariel Henry, s’est montré inefficace et inepte à gouverner et à assurer la sécurité de base pour protéger les Haïtiens vulnérables. Ce régime a démantelé les structures démocratiques d’Haïti tout en facilitant et en concédant le contrôle du pays à de nombreux chefs de gangs.
Une culture de corruption répandue prive le gouvernement des fonds nécessaires pour soutenir la police nationale d’Haïti et fournir des services gouvernementaux de base à la population haïtienne. Au moins 21 responsables haïtiens liés au parti PHTK font l’objet de sanctions internationales pour corruption ou pour les violences commises par les gangs en Haïti souligne la correspondance datée du 22 Septembre 2023.
La Harvard Law School et plusieurs groupes haïtiens de défense des droits de l’homme ont conclu dans leur étude de 2021 que de nombreux fonctionnaires du gouvernement haïtien se sont entendus avec des gangs alliés pour attaquer les quartiers de l’opposition, et ces attaques constantes ont contribué de manière significative à une violence généralisée qui constitue des crimes contre l’humanité.
Par exemple, de nombreux gangs opèrent actuellement en Haïti et contrôlent le pays avec le soutien des fonctionnaires du PHTK. Les opérations des gangs ont déplacé plus de 150 000 personnes en raison de leur violence constante. La corruption du PHTK a pillé l’ensemble de l’économie haïtienne : l’inflation dépasse les 20 % depuis trois ans et plus de la moitié des Haïtiens souffrent de la faim, dont plus de 100 000 enfants qui souffrent de malnutrition sévère. En conséquence, de nombreux Haïtiens compétents et vulnérables fuient le pays pour éviter les persécutions politiques.
De nombreux Haïtiens s’opposent à toute intervention étrangère, et il est peu probable qu’une telle proposition obtienne un soutien populaire pour poursuivre les gangs retranchés dans les quartiers affiliés au régime de facto. Ils s’engageront probablement dans des échanges de tirs importants dans des quartiers urbains hostiles et densément peuplés, ce qui entraînera des pertes civiles considérables.
Les États-Unis doivent immédiatement cesser de soutenir le régime inconstitutionnel de facto afin de stabiliser la crise politique actuelle en Haïti et d’encourager la mise en place d’un gouvernement de consensus pour que le pays s’engage sur la voie d’un processus démocratique. Le Dr. Ariel Henry est arrivé au pouvoir non pas par le biais d’un processus démocratique mais par une déclaration du Core Group, que les Etats-Unis dirigent.
Le Département d’Etat insiste sur le fait que le Dr Henry doit faire partie de tout gouvernement de transition. Henry a profité de l’indifférence des États-Unis pour s’emparer du pouvoir et continue d’opposer son veto à toute proposition de consensus visant à créer un gouvernement de transition inclusif sans lui.
Le Département d’Etat continue de promouvoir l’accord du 21 décembre du Dr.Henry comme une voie viable, alors qu’aucun parti politique n’a obtenu plus de 1 % des voix lors des dernières élections et que l’accord est largement rejeté comme un nouveau coup de force inconstitutionnel du PHTK.
Si votre administration avait retiré son soutien au Dr Henry, celui-ci aurait été contraint de négocier avec la société civile haïtienne et d’autres groupes en vue d’une solution pacifique à la crise politique actuelle en Haïti.
Nous sommes convaincus que, s’ils en avaient la possibilité, nos frères et sœurs d’Haïti se réuniront pour trouver une solution à la crise politique.
Au cours des trois dernières années, des groupes de tous horizons se sont réunis, souvent en mettant de côté des désaccords politiques de longue date, pour s’accorder sur des plans pratiques et prometteurs en vue d’un gouvernement de transition. Mais à chaque fois, les autorités de facto ont fait échouer ces efforts prometteurs en refusant tout compromis.
En plus de cesser de soutenir le régime actuel, votre administration peut contribuer à la sécurité en Haïti en bloquant les livraisons d’armes à Haïti et en obligeant les trafiquants d’armes et ceux qui profitent de la violence en Haïti à rendre des comptes. Haïti ne fabrique pas d’armes et de munitions, mais celles-ci proviennent des États-Unis et continuent de détruire de nombreuses vies, y compris celles des citoyens américains.
Nous demandons instamment à votre administration d’enquêter efficacement sur les trafics armés à destination d’Haïti et de fournir davantage de ressources aux douanes américaines et aux patrouilles frontalières pour inspecter les cargaisons quittant les États-Unis à destination d’Haïti.
Bien que les problèmes d’Haïti soient complexes, NHAEON et FANM in Action restent convaincues que le Haiti peut immédiatement reprendre le chemin du processus démocratique avec le soutien sincère du gouvernement américain.
Une correspondance qui porte la signature de Charnette Frédéric pour NHAEON (NHAEON est le plus grand réseau d’élus et de fonctionnaires haïtiano-américains aux États-Unis) et celle de Marleine Bastien de FANM in Action qui œuvre en faveur d’une société inclusive, équitable et juste pour tous.
@lequotidienht