Pour faire suite à l’article du 30 juin 2024, intitulé, « Le commerce des Anguilles en Haïti, c’est quoi l’histoire », le journal “Le Quotidien 509” a multiplié ses recherches afin de permettre à ses lecteurs d’avoir une meilleure compréhension de ce dossier qui revient régulièrement dans l’actualité haïtienne, sous forme de scandale. Un commerce mal compris, voire mal perçu par plus d’un, dans lequel la licence d’exportation serait tout simplement une question de faveur politique ou d’appartenance sociale en dehors de la capacité réelle de pouvoir exporter.
Dans un article du journal Le Nouvelliste, l’ancien ministre de l’Agriculture, M. Jobert C. Angrand, avait traduit la volonté du ministère de casser le monopole d’exportation dans ce sous-secteur. Depuis quarante ans, soutient-il, c’est le même groupe qui en bénéficie. Il faut aussi donner la chance aux autres aspirants. Il s’agit d’un marché juteux.
En effet, pendant longtemps, seule une catégorie sociale bien déterminée (environ 8 familles dont les Clérie, les Kim, les Wakim, les Parck) avait gardé silencieusement le monopole de l’exportation des anguilles vers les pays de l’Asie. Sous la Présidence de Michel Joseph Martelly, d’autres éléments de la classe moyenne et des proches de l’ex-président, ont décidé d’explorer ce commerce. Ils ont pu obtenir les licences et permis d’exportation. Aujourd’hui, selon les informations, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural a délivré au moins 20 licences dont les personnalités suivantes sont les bénéficiaires : Aimé François, Alain Simon, Antony Monnley, Betty Lamy, Carla Clesca, Charles Jean Baptiste, Charles Saint- Rémy, Ciril Delien, Damourude Lazarre, Frantz Fontaine, Fritz Richardson, Gelot Aristil, Gonathan Getant, Guyto Joseph, Jean Wilson Hyppolite, Jeanty Ronald, Salvard Monnley, Nathan Toussaint, Serge Delmas, Valdort Ulrick et Wilner Joseph.
Cette ouverture ou du moins cette brèche créée par le pouvoir Martelly et après par Jovenel Moïse a suscité le courroux des monopolistes. Des pécheurs, des paysans et des professionnels de l’exportation ont décidé de réorganiser ce commerce afin de maximiser les profits et s’imposer comme les négociateurs incontournables avec les étrangers asiatiques qui, avant, ne payaient qu’une pitance aux vendeurs d’anguilles notamment aux pécheurs et aux paysans. La contrebande, qui y régnait aussi, entraînait des pertes considérables pour l’Etat Haïtien. Pour préserver l’espèce, la pêche des anguilles n’est autorisée que pendant une saison de six (6) mois par le ministère de l’Agriculture. Pour la saison, Haïti exporte en moyenne 8 à 10 tonnes de civelles.
Les exportateurs paient à l’Etat Haïtien : la licence d’exportation, le permis d’exporter pour la saison délivrée par la direction de pêche du ministère, les frais de douane par kilo à exporter et les frais accessoires.
Les pêcheurs peuvent gagner entre 1 à 5 millions de gourdes pour la saison dépendant de la quantité de kilos d’anguilles pêchées et livrées. Les fournisseurs eux-mêmes gagnent entre 5 à 10 millions de gourdes. La saison de pêche profite à plusieurs éléments de la chaîne d’exportations et génère aussi un nombre important d’emplois directs et indirects depuis l’ouverture de la saison jusqu’au jour final de l’exportation.
Ce même exportateur qui a préféré gardé l’anonymat nous a effectivement confirmé que c’est un commerce qui donne accès à de grands profits mais les gens ont tendance à négliger le volume de dépenses qu’il engendre et la rigueur imposée pour livrer les anguilles au pays qui a placé la commande. La marchandise subit un contrôle rigoureux de qualité et de quantité des autorités haïtiennes avant d’être embarquée d’abord à destination des États-Unis d’Amérique. Arrivé en transit à Miami, le stock est encore vérifié par les autorités américaines. Les agents prédisposés au contrôle de la marchandise, doivent changer l’eau des anguilles avant de les ré-embarquer pour Hong Kong. Et là, encore ils suivent un autre traitement et contrôle avant de poursuivre vers la Chine. Cet exportateur déplore aussi les déclarations tapageuses et inexactes de certains avocats pour n’avoir pas été dans le fond des choses.
Pour cet exportateur, c’est de la méchanceté gratuite d’assimiler ce commerce minutieusement contrôlé par au moins trois (3) pays différents à d’autres trafics illicites notamment le trafic d’organes.
Me Camille Leblanc, avocat de certains exportateurs dont Anthony Monnely, Salvard Monnely et Betty Lamy, contacté par notre journal, a informé que ses clients ont porté plainte, auprès du parquet de Port-au-Prince contre Djovany Michel, pour diffamation et association de malfaiteurs. En effet, le sieur Djovany Michel, qui arbore le titre de Journaliste anti-corruption a fait ses déclarations sur son compte officiel X et sur le média en ligne satellite509. Me Leblanc, également ancien ministre de la Justice demande que l’Interpol soit saisi par une commission rogatoire donnée à la DCPJ afin que Djovany Michel soit retrouvé et auditionné.
Selon la Gazette du Canada du 29 juin 2024, Il s’agit maintenant du poisson vendu au Canada ayant la plus grande valeur, qui se vend à plus de 5 000 $ le kilo à son apogée. En Haïti, le kilo se vend autour de 1.000 dollars nous a indiqué un exportateur. Cependant sur le marché international, le produit du kilo est aux environs de 1.500$. Cependant, le prix peut atteindre jusqu’à 3500 dollars américains dépendant de l’offre et de la situation socio-politique du pays d’après Walsonn Sanon, exportateur et membre de ANAPRA.
Le commerce des anguilles en Haïti, reste un commerce comme les autres, au même titre que l’exportation des mangues et d’autres produits autorisés et réguler par l’Etat Haïtien. L’anguille fait partie des sept principales denrées d’exportations du pays.
La rédaction