La Banque de la République d’Haïti a réalisé une enquête auprès du secteur financier en avril 2024 suite à la dégradation de l’environnement sécuritaire en Haïti. Cette démarche s’est inscrite dans l’optique de recueillir les informations pouvant orienter les décisions par rapport aux éventuels impacts de la conjoncture sur ce secteur.
L’enquête réalisée entre le 29 avril et le 15 mai 2024 a ciblé les banques commerciales et les institutions de microfinance, et a été transmise aux responsables de ces dernières. L’objectif de cette investigation était de collecter les données sur les impacts du climat d’insécurité, les pertes en ressources humaines et les coûts liés aux dommages physiques subis par ces entités financières.
L’enquête sur l’« Impact de l’Insécurité sur le Secteur Financier » visait à identifier et estimer les pertes et dégâts que les institutions financières ont enregistrés sur la période allant de juin 2023 à mars 2024. L’enquête a également permis d’évaluer l’incidence de l’instabilité sociopolitique sur les ressources humaines de ces dernières, ainsi que certaines mesures d’atténuation que les institutions affectées ont adoptées.
Trente-neuf (39) institutions financières ont répondu au questionnaire de la BRH, soit un taux de réponse de 54,2 %. Ces trente-neuf institutions sont réparties comme suit : 84,6 % sont des institutions financières non bancaires; 12,8% sont des banques commerciales; 100 % des banques d’épargne et de logement. Le taux de réponse par type d’institutions financières est de : 83 % pour les banques commerciales, 100 % pour les banques d’épargne et de logement, 51 % pour les institutions financières non-bancaires.
Selon les informations fournies par les institutions financières qui ont pris part à l’enquête, toutes les banques commerciales, d’épargne et de logement ont enregistré des pertes et dégâts en biens, matériels et autres sur la période d’étude. Quant aux institutions non bancaires, plus de la moitié (54,5 %) d’entre elles ont rapporté avoir été victimes sur cette même période.
En moyenne, 4 succursales des banques commerciales ont subi des pertes et dommages liés à la récente dégradation des conditions de sécurité du pays. La banque d’épargne et de logement ayant répondu à l’enquête a eu une seule de ses succursales à être victime de casse. En outre, deux (2) des succursales des institutions financières non bancaires rapportant avoir subi des pertes et dégâts sont en moyenne touchées lors des incidents enregistrés de juin 2023 à mars 2024.
Parmi les 14 institutions financières qui ont pu fournir une estimation des coûts des pertes et dégâts enregistrés sur cette période, la moitié (7) a indiqué des montants dépassant 75 000 dollars ÉU. Cette situation concerne 4 sur 5 des banques commerciales (80 %) et 3 sur 8 des institutions financières non bancaires (37,5 %). Une des institutions financières non bancaires a rapporté des dommages allant de 50 000 à 75 000 dollars ÉU. Par ailleurs, la banque d’épargne et de logement, une banque commerciale (20 %), ainsi que 4 des institutions financières non bancaires ont enregistré des pertes ne dépassant pas 25 000 dollars ÉU.
Toutes les banques commerciales ainsi que la banque d’épargne et de logement ont fait face à des cas de démission ou d’abandon de poste au cours des 9 mois précédant l’enquête. De même, près de 90 % des institutions financières non bancaires ont perdu certains membres de leur personnel pendant la période susmentionnée.
Source BRH