Les Nations Unies s’apprêtent à rendre publique « sa » liste de personnalités haïtiennes sanctionnées au prétexte qu’elles auraient contribué, d’une façon ou d’une autre, à la détérioration du climat sécuritaire en Haïti où les gangs armés font la loi, tuent, pillent, volent, violent et prennent en otage toute une population livrée à elle-même. Les résolutions 2653 (2022) et 2700(2023) établissant un régime de sanctions en Haïti ont été votées par le Conseil de sécurité des Nations Unies afin de mettre fin à l’insécurité et freiner la gangstérisation en Haïti qui a conduit à une crise humanitaire sans précédent selon le rapport des experts de l’ONU et de l’OCHA.
Ces sanctions de l’ONU feront donc suite à celles imposées par le Canada, les Etats-Unis et la République Dominicaine depuis environ une année.
En effet, depuis le mois de novembre 2022, le Canada a imposé des sanctions à vingt-huit (28) haïtiens, des personnalités et membres de l’élite politique et économique auxquels le gouvernement du Premier Ministre Justin Trudeau reproche « leur rôle dans les actions des gangs armés » en Haïti. Le Canada a aussi sanctionné des bandits et des chefs de gangs connus classés comme étant des personnalités de l’élite.
Quant aux Etats-Unis, ils ont également infligé des sanctions à des personnalités haïtiennes impliquées, à leur avis, dans la corruption, le blanchiment et les activités criminelles en Haïti où elles soutiendraient également des gangs armés. Plus d’une cinquantaine de visas a été révoqué d’après Brian A. Nichols. Pour la France, contrairement aux déclarations de l’Ambassadeur Fabrice Mauriès dans la presse locale et étrangère qui dit que son pays attend les sanctions de l’ONU et de l’Union Européenne, le visa de plusieurs personnalités sanctionnées par le Canada a été révoqué.
Même la République Dominicaine y est allée également par la voie « des sanctions », se montrant d’ailleurs beaucoup plus généreuse. Cinquante deux (52) haïtiens sont considérés comme « une menace pour les intérêts et les institutions de la République Dominicaine ».
Des sanctions qui touchent presque tous les chefs de gangs connus; des membres de l’élite politique ayant servi au plus haut niveau de l’Etat, de la présidence au gouvernement en passant par la primature et le parlement ; mais aussi ceux de la classe des affaires dont des entrepreneurs et des responsables d’institutions bancaires dans le cas des Etats-Unis et du Canada.
Il faut noter que, pour la République Dominicaine, la plupart des « sanctionnés » ont été ciblés pour des motifs personnels, de l’avis de plus d’un; évoquant, par exemple, les sanctions contre des personnalités qui soutiennent la construction du canal sur la Rivière Massacre, du côté haïtien de la frontière. Le visa de neuf (9) haïtiens dont des hommes politiques et techniciens a été révoqué par le gouvernement dominicain et ils sont interdits de séjour en République Dominicaine.
Des sanctions « ciblées » et « partiales »
Selon un rapport rédigé, pour le compte des Nations Unies, par un groupe d’experts sur la situation en Haïti, certaines personnes vont être frappées de sanctions pour avoir financé des membres de gangs pour protéger leurs activités économiques et faciliter le transport de marchandises. Très bien, dirait le citoyen lambda.
Mais qu’en est-il des allégations selon lesquelles le gouvernement aurait « négocié » avec des chefs de gang pour réaliser un carnaval sans heurts (en 2022) au Champ-de-Mars alors qu’à l’époque, les gangsters faisaient parler la poudre à quelques mètres. Les armes se sont tues comme par magie pour que le carnaval puisse avoir lieu.
Qu’en est-il des allégations selon lesquelles le gouvernement aurait « négocié » avec des chefs de gangs pour la reprise de la distribution du carburant lorsque l’accès au plus grand terminal du pays, celui de Varreux, avait été bloqué par le gang dirigé par l’ancien policier Jimmy Chérizier, le seul à figurer avec certitude, jusqu’ici, sur la liste onusienne des sanctionnés.
Qu’en est -il des automobilistes qui paient régulièrement des droits de passage à des gangsters installés dans des postes de péages sur les routes nationales aux entrées Nord et Sud de la Capitale? Ne soutiennent-ils pas les gangs au même titre que les commerçants contraints de payer un droit de faire des affaires dans ces zones qui échappent au contrôle des autorités établies ?
Qu’en est-il du fait qu’il est de notoriété que la cheffe de BINUH lors Helen Lalime avait appuyé la fédération des Gangs G9 et Famille et alliés créée sous la présidence de Jovenel Moïse en 2020. Dans un article du Journal Le Nouvelliste, le Secrétaire Général des Nations Unies a déclaré que, grâce au G9, il y a eu moins de morts violentes mais plus d’enlèvements.
Les autorités, soutenues par les pays ayant imposé des sanctions ainsi que les Nations Unies ont admis qu’il y a des zones de non-droit en Haïti dont Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays où il n’y aucune présence policière depuis plus d’une année. Cette commune est aux mains des gangs. La ministre de la Justice et de la Sécurité Publique par intérim, Emmelie Prophète fait mention tout simplement de “territoire perdu” pour identifier des zones comme Martissant et ses environs.
Pourtant, des dizaines d’Organisations Non Gouvernementales (ONGs), soutenues par des pays dits amis d’Haïti, y mènent leurs activités sans avoir à s’inquiéter. A quel prix ? Les experts des Nations Unies sur Haïti ont sans doute planché sur ces cas.
Qu’en est t-il du fait que les Nations Unies à travers l’ONUDC confirme que des AK-47 russes aux fusils d’assaut israéliens en passant par les AR-15 utilisés par les gangs ont été fabriqués aux États-Unis.
Il existe quatre itinéraires de trafic empruntant les frontières poreuses d’Haïti, deux partant de Floride via des cargos vers Port-au-Prince et vers les côtes nord et ouest via Turks et Caicos et les Bahamas, et d’autres via des porte-conteneurs, des bateaux de pêche, des barges ou de petits avions arrivant dans la ville septentrionale de Cap-Haïtien et par des traversées terrestres depuis la République dominicaine.
Et si Haïti devrait aussi sanctionner ?
Le mal infligé au pays est si grand que des haïtiens, qu’ils soutiennent ou non les activités des gangs, ne peuvent en être les seuls responsables ? Alors qui échapperait aux sanctions Haïtiennes ?
D’où viennent la plupart des armes et des munitions qui alimentent les violences dans les quartiers de Port-au-Prince et de l’Artibonite ? Des Etats-Unis, selon une récente étude des Nations Unies, soulignant que ces armes et munitions transitent en grande partie par la République Dominicaine.
Quelle est la part de responsabilité de certains groupes et membres de la diaspora qui même, en dehors du pays, contribuent à leur façon à cette déstabilisation qui a conduit à la gangstérisation du pays.
Qui paiera, ou sera sanctionné, pour avoir détourné l’aide humanitaire octroyée à Haïti pour sa reconstruction après le séisme du 12 janvier 2010 ?
Qui paiera, ou sera sanctionné, pour avoir dilapidé les fonds Petro-Caribe pour la période 2008 à 2018 ?
Qui sanctionnera les institutions étrangères qui n’ont pas livré les travaux engagés avec les fonds Petro-Caribe.
CIRH, PETROCARIBE et beaucoup trop de donations au nom d’Haïti pour qu’elle soit aujourd’hui réduite à une république importatrice au profit des grandes sociétés établies en dehors d’Haïti. Où est donc passé tout cet argent ? est-il déposé dans les banques haïtiennes? le voit-on dans les grands projets d’infrastructures invisibles? a t-il été dépensé dans la distribution de plats chauds? dans des formations et séminaires dirigés ? dans la location de véhicule? ou dans des programmes d’assainissement que seul l’Etat a le secret?
Qui paiera, ou sera sanctionné si Haïti devrait demander des comptes. Les sanctions internationales, dans la grande majorité des cas, s’apparente à un règlement de compte car les soi-disant sanctionnés n’ont jamais pu avoir accès (malgré leur demande) au dossier les incriminant pour préparer leur défense ?
Où est donc la DÉMOCRATIE dans tout cela. Pourquoi ce piétinement de la règle de droit et cette violation des droits humains?
Haïti doit sanctionner tous les responsables de ce ratage, de l’impunité et de la corruption.
Et ce sera justice !!!
La Rédaction