Les gangs interviennent régulièrement pour le compte du gouvernement et de figures de l’opposition pour contrôler des zones urbaines clés en réprimant la dissidence par des assassinats, des enlèvements et des massacres ; en influençant le résultat des élections par la corruption et l’intimidation et en déstabilisant les opposants politiques en fomentant des manifestations ainsi qu’en détruisant les bureaux de vote dans les districts où leur candidat est appelé à perdre. Selon le rapport de Octobre 2022 de Global Initiative sur le Crime Organisé Transnational.
Les gangs se sont également emparés de pans entiers de l’économie haïtienne. Ils se livrent non seulement à des enlèvements, des descentes dans les entreprises et au vol de nourriture, de carburant et d’autres fournitures, mais ont également pris le contrôle de secteurs clés de l’activité économique, tirant des revenus des douanes, des marchés publics, des réseaux de distribution d’eau et d’électricité, et des stations de bus et de taxis collectifs (tap-tap).
Les gangs contrôlent en grande partie les entrées et les sorties des zones métropolitaines, notamment les principaux axes routiers pour entrer à Port-au-Prince et en sortir, des axes qui donnent accès à des infrastructures stratégiques comme les ports, les terminaux pétroliers, les zones commerciales et industrielles et l’aéroport international Toussaint Louverture.
Pour pouvoir opérer, les institutions publiques et les groupes du secteur privé présents sur ces territoires sont contraints de payer des sommes à titre de rançons.
La plupart des gangs sont de petits groupes locaux, mais ils ont récemment commencé à se regrouper en structures plus importantes. En 2020, un ancien policier crée le G9 qui réunit neuf gangs puissants de Port-au-Prince liés au parti politique au pouvoir. Le G9 a progressivement étendu ses ramifications vers des gangs plus petits. Dans la capitale, cette coalition a également donné lieu à des rivalités entre gangs. Le G-Pep, une coalition de gangs vaguement liée aux partis d’opposition,8 est de plus en plus souvent en conflit avec le G9 dans la ville de banlieue de Cité Soleil. D’autres gangs seraient à ce point populaires qu’ils ont établi des listes d’attente de recrues, comme le 400 Mawozo,9 qui, après l’extradition de son chef aux États-Unis, aurait rejoint la coalition G-Pep. Ces groupes se multiplient et créent des alliances officielles et officieuses.
Une chronologie publiée séparément donne un aperçu de l’évolution historique et sociopolitique des groupes armés haïtiens et de leurs activités des années 1950 à aujourd’hui :
Source : Global Initiative
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