« Des changements majeurs sont en cours en Haïti », a déclaré ce matin, la Représentante spéciale du Secrétaire général dans ce pays et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Venue faire le point sur la situation au Conseil de sécurité, Mme María Isabel Salvador a évoqué le déploiement d’un premier contingent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) ainsi que l’investiture, le 12 juin, d’un nouveau gouvernement de transition engagé à conduire le pays vers la restauration des institutions étatiques par la tenue d’élections crédibles qui mèneront à l’installation des autorités élues au plus tard en février 2026.
Assurant que la durée et la mission de la transition se veulent « très limitées », le nouveau Premier Ministre haïtien a expliqué que ces élections seront précédées de réformes constitutionnelles, d’une révision du cadre légal sur le fonctionnement et le financement des structures politiques, d’un appui à la bonne gouvernance et d’un renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption et l’impunité. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons transformer efficacement les fonds et les ressources en résultats tangibles et durables pour le peuple haïtien, a argué M. Garry Conille, la Représentante spéciale appelant pour sa part à renforcer l’expertise électorale du BINUH.
Le Chef du Gouvernement a également plaidé pour une aide massive au développement, assortie d’investissements majeurs dans des secteurs clefs de l’économie, reconnaissant toutefois qu’à ce « tournant décisif », tout chantier économique ou politique implique de solutionner la question sécuritaire. Aussi a-t-il salué la mise en œuvre des engagements pris à travers la résolution 2699 (2023) relative à la MMAS, assurant que le déploiement, le 25 juin, du premier contingent de policiers kényans aux côtés des forces de l’ordre haïtiennes contribuera à mettre un frein au « barbarisme » des groupes criminels.
« L’arrivée du premier contingent de la MMAS marque le début d’une ère nouvelle pour Haïti », s’est félicité M. Conille qui a promis de reprendre le contrôle du territoire haïtien « maison par maison, quartier par quartier, ville par ville », grâce à des forces armées et une Police nationale d’Haïti « mieux équipées et plus motivées que jamais ».
Les membres du Conseil ont placé beaucoup d’espoirs dans la MMAS, une mission « indispensable », selon la France, pour prêter assistance à la Police nationale d’Haïti, rétablir la sécurité en Haïti et créer les conditions sécuritaires propices à la tenue des élections et à la restauration des institutions démocratiques du pays. Pour les États-Unis, plus grand bailleur de fonds de cette mission avec une contribution de 309 millions de dollars, « la MMAS doit réussir et avoir en son cœur le respect des droits humains afin de gagner la confiance de la population ».
Faisant écho à l’appel de la Représentante spéciale et de la Communauté de Caraïbes, entre autres, le Kenya a souligné que ce déploiement initial doit renforcer la confiance et se traduire par un soutien accru à la MMAS, rappelant la nécessité d’augmenter le niveau des forces afin d’obtenir l’impact souhaité.
Les progrès constatés aujourd’hui sur le terrain sont le fruit de la coopération multilatérale et un démenti fort des critiques entendues à l’égard d’Haïti, a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, M. Roberto Álvarez Gil.
De son côté, l’Équateur a souligné que durant cette période de transition, le régime de sanctions joue également un rôle central pour empêcher les chefs de gangs et ceux qui les financent d’agir en toute impunité. Le délégué a ainsi jugé nécessaire de consolider les mécanismes d’échange d’informations et la coopération régionale et sous-régionale, notamment dans le domaine des armes légères.
Notant que les gangs contrôlent toujours 80% de Port-au-Prince et que la plupart de leurs armes viennent de Floride, la Fédération de Russie s’est interrogée sur les critères retenus par le Comité des sanctions pour élaborer sa liste. Les chefs de gangs haïtiens qui y figurent n’ont pas l’intention de voyager, contrairement aux trafiquants d’armes américains qui les fournissent, a constaté la délégation.
Source: Press ONU