COMMUNIQUÉ DE PRESSE / DÉCLARATION À LA PRESSE DE MR WILLIAM O’NEILL, EXPERT INDÉPENDANT DES NATIONS UNIES SUR LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN HAÏTI
J’ai malheureusement retrouvé un pays meurtri par la violence, la misère, la peur et la souffrance. La situation des droits humains est dramatique, tous les droits y sont bafoués. Les gangs continuent de faire régner la terreur, en particulier dans plus de la moitié de la capitale Port-au-Prince, devenue une zone de non-droit. Les femmes et les jeunes filles continuent de se faire violer par les gangs, souvent collectivement, pour asseoir leur contrôle sur la population.Au-delà de la violence des gangs qui sévit dans la capitale et qui a poussé des dizaines de milliers à se déplacer, les accaparements de terres par des oligarques dans le Nord-Est a aussi chassé des milliers de paysans exposés à la précarité.
L’absence de l’Etat se fait ressentir pour tous les droits économiques, sociaux et culturels.
L’accès à la santé, à l’eau, à l’alimentation, à l’éducation et au logement, sont sérieusement entravés par le manque de réponse étatique qui a pourtant le devoir de fournir une réponse adaptée dans la limite de ses capacités. L’insécurité, notamment dans les zones les plus marginalisées de la capitale, exacerbe encore davantage la défaillance des institutions dans ce domaine.
Des quartiers entiers sont livrés à leur sort, sans accès à aucun service public, contribuant à encore accroître des inégalités déjà insupportables et alimentant des schémas d’exclusion à l’origine même de la violence. Cette situation contribue notamment au recrutement croissant d’enfants et de jeunes dans les gangs. Les départs organisés et en masse d’haïtiens en recherche d’une vie meilleure ont encore affaibli les services sociaux avec une baisse significative de la main d’œuvre notamment dans les domaines de la police et de la santé.
La violence incessante et les violations systématiques des droits humains en Haïti ne permettent pas actuellement le retour sûr, digne et durable des Haïtiens dans le pays. Au total, 176 777 migrants ont été rapatriés de janvier à décembre 2022.
Certaines méthodes de rapatriement utilisées ne sont pas conformes aux normes relatives aux droits humains et violent les accords bilatéraux de migration.
J’exhorte les autorités de la République dominicaine à respecter leurs engagements en ce sens et réitère l’appel à tous les pays de la région de mettre fin aux déportations massives de migrants haïtiens, en particulier de mineurs non-accompagnés.
Je suis particulièrement inquiet concernant les informations reçues concernant la traite d’enfants et de femmes migrants, y compris des allégations de traite d’organe et de traite de personnes à des fins sexuelles.
Ainsi, le déploiement d’une force internationale spécialisée aux côtés de la Police Nationale d’Haiti (PNH) est indispensable pour rétablir la liberté de mouvements des populations. Dans le même ordre, afin de limiter la violence des gangs, l’embargo sur les armes principalement en provenance des Etats-Unis, établi par le Conseil de sécurité des Nations Unies, doit être appliqué immédiatement. Aucune arme n’est produite en Haiti.
Le Conseil de sécurité a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations concernant le trafic illicite et le détournement d’armes et de matériel connexe qui portent atteinte aux droits humains.
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@lequotidien509