Depuis plus d’un an, le Canada se demande si certains pays ont eu un impact sur le vote des électeurs, particulièrement ceux issus des diasporas. Une commission d’enquête publique commence ses travaux pour comprendre si des pays comme la Chine, la Russie et l’Inde ont bel et bien tenté d’influencer les élections de 2019 et 2021.
La commission a entamé hier lundi ses audiences qui vont durer toute la semaine. Des ministres, des députés et des représentants de services de renseignement doivent notamment répondre aux questions d’une juge pour comprendre le phénomène et recommander au gouvernement des mesures à prendre pour lutter contre l’ingérence étrangère, rapporte notre correspondante, Pascale Guéricolas.
Après avoir banni Tik-Tok des téléphones des fonctionnaires canadiens, puis des élus, le Canada avait commencé à s’inquiéter d’une possible ingérence de la Chine dans ses élections. Des médias avaient révélé que des députés auraient perdu les élections en raison des manœuvres de Pékin sur la diaspora chinoise, une population de 1,7 million de personnes parmi les 38 millions de Canadiens. En mars 2023, des parlementaires avaient demandé une enquête approfondie sur une influence plus directe sur les dernières élections du pays, en octobre 2021.
Après avoir longtemps nié le problème, le Premier ministre Justin Trudeau a finalement mis sur pied cette commission qui est présidée par une juge indépendante, Marie-Josée Hogue. «L’ingérence étrangère dans nos institutions démocratiques est un problème très sérieux », a-t-elle dans ses propos d’ouverture.
La commission va notamment tenter d’en apprendre davantage sur ce qui s’est passé là où habitent une majorité de citoyens d’origine chinoise. Des enquêtes ont montré que des entreprises ont embauché des étudiants venus de Chine pour qu’ils travaillent à faire élire certains candidats plus favorables à Pékin. Des aspirants députés, ciblés par le pouvoir chinois, ont fait l’objet de campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux. Et un élu, très impliqué dans le dossier Ouïghours, une minorité musulmane persécutée en Chine, a craint pour sa famille élargie basée à Hong-Kong.