Il y a quelques mois, la septuagénaire Junko Izuka témoignait du calvaire qu’elle avait subi près de 60 ans auparavant : une opération chirurgicale de stérilisation forcée. “J’ai subi à l’âge de 16 ans une intervention chirurgicale sans aucune explication. À cause de cette opération, j’ai été totalement privée du modeste rêve qui était le mien, celui d’un mariage heureux avec des enfants”.
Cette semaine, la justice a enfin donné raison à Junko Izuka et aux autres plaignants. Entre 1948 et 1966, au moins 25 000 Japonais et Japonaises ont été stérilisés en vertu d’une loi eugéniste utilisée à l’encontre de personnes handicapées ou prétendues telles, sans leur consentement. La Cour suprême a ordonné au gouvernement le paiement de dommages et intérêts.
Une loi jugée anticonstitutionnelle
Le Premier ministre Fumio Kishida a pris acte de cette décision : “Nous allons rapidement payer les dommages et intérêts comme indiqué dans le verdict de la Cour suprême et je vais rencontrer en personne les victimes de ces stérilisations forcées en réponse à leur souhait. Je tiens à leur présenter directement des excuses après avoir écouté le récit de leur douloureuse expérience”.
Même si le gouvernement avait déjà en partie reconnu les faits et proposé un programme d’indemnités, jugé inadapté par les plaignants, il a durant des années réfuté au tribunal leurs arguments. In fine, la Cour suprême a jugé anticonstitutionnelle la loi eugéniste abolie en 1996 et a fortement critiqué le gouvernement qui a continué bien après de défendre la légitimité à l’époque de cette législation.
Désormais, le Premier ministre, très impopulaire, est forcé de changer de pied. “Les opérations de stérilisation forcée sont une violation intolérable des droits humains” a-t-il dit. Mais même si elles sont encore vivantes, des milliers de personnes opérées malgré elles lorsqu’elles étaient encore enfants ignorent encore aujourd’hui qu’elles ont été victimes de cette loi.
Avec Franceinfo