Le 2 Octobre 2023, le Conseil de Sécurité des Nations Unies, suite à la demande de Ariel Henry le 6 Octobre 2022 pour l’aider à faire face aux gangs, a voté une résolution autorisant une mission non onusienne mais ayant un composite multinational pour rétablir la sécurité en Haïti, et renforcer les capacités de la Police Nationale d’Haïti. Des 15 membres du Conseil de Sécurité, 12 ont voté pour et 2 se sont abstenus dont la Chine et la Russie. La résolution 2699(2023) a donc été adoptée.
M. ZHANG JUN (Chine), qui s’est abstenu lors du vote, a rappelé que, ces dernières semaines, plusieurs séries de consultations avaient été menées pour déterminer le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Les débats se sont concentrés sur le Chapitre VII de la Charte, notamment les principes de respect de la souveraineté nationale et non-ingérence dans les affaires intérieures, a noté le représentant. Il a rappelé que le Chapitre VII était souvent invoqué par le Conseil pour autoriser le recours à la force et devait être utilisé avec prudence.
Affirmant la volonté de la Chine d’être constructive dans l’élaboration du texte adopté, le représentant a jugé important que le Conseil consulte fréquemment les autorités d’Haïti pour que la Mission soit acceptée par la population. Concernant les modalités d’application, il a demandé qu’on évite d’empiéter sur les compétences du pays et mis l’accent sur la non-ingérence.
La Mission n’a pas vocation à rester longtemps sur place et les diverses factions haïtiennes devront chercher à s’entendre rapidement, a déclaré le représentant, qui a regretté que le texte adopté n’envoie pas de message fort en ce sens. Il a néanmoins concédé que la résolution reconnaît les efforts déployés par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour arriver à une résolution politique de la crise en Haïti. Il fallait couper à la source l’approvisionnement en armes, a encore fait observer le représentant, pour qui, si le Conseil avait agi plus tôt en ce sens, la situation telle que nous la voyons ne se serait sûrement pas développée.
Les crises multiples d’Haïti sont liées entre elles, a encore déclaré le représentant, qui a estimé que le Conseil de sécurité aurait l’occasion de revenir sur la situation du pays. Nous réfléchirons alors au régime de sanctions en vigueur et à l’action du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a-t-il conclu.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré s’être abstenu tout en reconnaissant l’ampleur de la crise de sécurité en Haïti et l’urgence de la résoudre. Le niveau de violence dans le contexte de l’incapacité du pouvoir et des moyens limités de la Police nationale d’Haïti (PNH) a exigé que l’on envisage la constitution et le déploiement d’une mission multinationale, a-t-il souligné, ajoutant que son pays n’avait aucune opposition à l’initiative tendant à l’envoi d’une force internationale.
Toutefois, a expliqué le représentant, la planification et la préparation de la mission conformément aux termes de la résolution ne répondent pas aux demandes de la Russie, en particulier en ce qui concerne ses conditions de déploiement et de retrait. C’est une mesure grave qui vient d’être prise, mais nous n’avons pas l’impression que ce degré de compréhension a été atteint, a-t-il commenté, attribuant la détérioration croissante de la situation en Haïti depuis des décennies à l’ingérence étrangère.
M. Nebenzia a toutefois mis en relief des éléments positifs dans le texte adopté, comme l’appel à toutes les forces politiques visant à atteindre un large consensus, et l’importance de l’embargo sur les armes, qui permettra d’en réduire les flux illicites. Une quelconque ingérence extérieure dans un processus politique interne serait intolérable, a-t-il averti, en demandant des informations détaillées sur ce qui est prévu dans la résolution.
Source : Site de l’Onu
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