Le lundi 22 avril 2024, le Conseil de sécurité a examiné le point de son ordre du jour intitulé « la question concernant Haïti ». Il a été saisi du dernier rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
Plusieurs pays ont applaudi les efforts de la Caricom qui ont pu conduire à la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, d’autres restent très sceptiques sur cette initiative dont l’avenir reste incertain.
Le représentant de la Fédération de Russie a évoqué « deux réalités parallèles » qui se développent en Haïti :
- l’une faite de querelles politiques sans fin pour parvenir à un accord à l’intérieur de paramètres décidés par des acteurs externes;
- l’autre constituée du quotidien « terrifiant » des Haïtiens ordinaires, déjà habitués à survivre en l’absence du pouvoir de l’État et des services de base qu’il devrait fournir.
- Aujourd’hui, a-t-il noté, le véritable pouvoir est entre les mains de groupes armés qui contrôlent des régions entières du pays.
- Force est d’admettre que le processus politique n’a donné aucun résultat depuis plusieurs années et que l’administration actuelle s’est « complètement discréditée », notamment par son incapacité à enquêter sur l’assassinat du Président Moïse, commis il y a trois ans « avec une ingérence étrangère directe ». Pour les Haïtiens lassés d’attendre le changement, le Conseil de sécurité semble selon lui « impuissant et inutile ». « La réalité est également que la communauté internationale et le Conseil n’ont pas jusqu’à présent donné la priorité aux intérêts du peuple haïtien », a poursuivi le représentant.
- Il a également exprimé des doutes quant à la capacité du Conseil de transition haïtien de mener à bien son mandat, sur la base « d’exigences imposées à ses membres » s’agissant de la présence de forces étrangères dans son propre État.
Selon le délégué, la formation de structures de pouvoir de transition en Haïti doit se faire avec la participation directe de toutes les parties haïtiennes, sans aucune ingérence extérieure. D’ailleurs, a-t-il ajouté, Haïti n’a jamais pu se libérer de cette ingérence qui lui a déjà coûté des milliers de vies et des milliards de dollars, par exemple pour payer les « honteuses réparations » exigées par la France pour son indépendance.
Le représentant a considéré que la perspective de mettre en œuvre la décision « précipitée » du Conseil d’envoyer une mission multinationale de sécurité sur l’île reste « vague ». Il est clair à ses yeux que la crise multidimensionnelle que traverse le pays ne comporte pas de solutions simples.
Déclaration du représentant de la Fédération Russe