Pendant que la PNH utilise ses maigres ressources pour combattre les gangs armés dont 200 recensés en Haïti et 95 opérant à Port-au-Prince, selon les données de Global Initiative, le Canada cherche un pays pour installer un bureau de soutien à la PNH. En effet, un grotesque et inimaginable désaccord entre la République Dominicaine et le Canada a éclaté au grand public le vendredi 16 Juin 2023.
Un jour après que la ministre canadienne des Affaires Etrangères, Mélanie Joly, eut annoncé son intention de mettre en place un bureau canadien pour coordonner le soutien à la Police Nationale d’Haïti cet été en République Dominicaine. Son homologue dominicain, Roberto Alvarez Gil révulsé a nié tout accord autorisant un tel bureau.
Les médias dominicains dont El Día a informé que l’Ambassade du Canada en République Dominicaine par le biais de son ambassadrice Christine Laberge a transmis le mardi 13 Juin une note diplomatique au Ministre des Affaires Étrangères Dominicain l’informant du souhait du Gouvernement de Justin Trudeau d’établir en République Dominicaine le Bureau de la Cellule de Coordination Conjointe sur la Sécurité pour venir en support à la Police Nationale d’Haïti. La Note mentionne que cela sera pour une durée de 2 à 5ans et le personnel non-diplomate pourrait bénéficier des privilèges diplomatiques.
Une requête qui, semble-t-il, n’avait pas encore fait l’objet de profonds débats au niveau de l’équipe du Président Luis Abinader, candidat à sa réélection. C’est ainsi que le Porte-Parole du Palais National Homero Figueroa fera aussi un tweet pour rappeler au Canada que pour des raisons historiques, la République Dominicaine ne pourrait s’engager dans une telle voie.
Dans une déclaration à l’agence Reuters, le ministère canadien des Affaires étrangères a déclaré qu’il continuait de travailler avec 20 pays et organisations internationales pour renforcer la police haïtienne et la sécurité en Haïti, soulignant que des pourparlers sont en cours « pour finaliser un emplacement qui soutiendra le travail du groupe à proximité géographique d’Haïti ». On se demande pourquoi, le Canada tient à avoir ce bureau en dehors d’Haïti ? Pourquoi ne pas le mettre dans le voisinage de l’Ambassade du Canada en Haïti qui fonctionne régulièrement malgré l’insécurité ?
Plus d’un, aujourd’hui, se questionne sur les velléités et la capacité réelles du Canada à prendre un leadership concret dans la crise en Haïti. Jusqu’à présent, même la commande payée par le Gouvernement Haïtien pour l’achat de 20 véhicules tactiques blindés pour le compte de la Police Nationale d’Haïti n’a pas été totalement livrée. Les policiers tombent quotidiennement dans les pièges des gangs armés pour manque de logistique.
Frantz Duval, le Rédacteur en Chef du Journal Le Nouvelliste dans une interview eut à déclarer : « on tourne autour du pot, on fait des propositions, on ne voit pas grand-chose sur le terrain, le Canada a déjà envoyé en villégiature des avions, des navires, plusieurs missions, mais concrètement sur le terrain, en ce qui concerne les haïtiens, les promesses sont très lentes à se matérialiser…..une situation qui dure depuis deux ans. ».
Entre-temps, le gouvernement haïtien ne pipe mots, joue le ponce Pilate entre son tuteur réel les États-Unis et la nouvelle recrue : le Canada qui semble s’enliser dans sa stratégie de façade. Le Canada veut jouer un rôle important dans la crise haïtienne sans prendre le temps de jauger la situation, comprendre le drame Haitien, percer la réalité historique ni appréhender le clivage ancestral des acteurs haïtiens.
La communauté internationale par la présence des Nations Unies à travers les multiples métamorphoses de ses missions opère en Haïti sans arrêt depuis 2004. Elle devrait tirer les leçons qui s’imposent pour mieux guider les nouvelles démarches et travailler une fois pour toutes à la solution appropriée sans laisser de côté la participation réelle des haïtiens eux-mêmes dans la mise en branle du protocole devant amener au succès.
La complexité du problème haïtien exige mieux que la précipitation, l’arrogance ou la grandiloquence de Grande Puissance.
La Rédaction