C’est ce qui ressort du Rapport 2023 sur les pays les moins avancés publié ce mardi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Les pays les moins avancés sont une catégorie de pays créée en 1971 par l’ONU, regroupant les pays socio-économiquement les moins développés de la planète. 46 pays appartiennent à cette catégorie actuellement, la plupart d’entre eux se situant en Afrique.
Les défis budgétaires rencontrés par ces 46 pays les moins avancés menacent gravement leur capacité à mettre en œuvre des politiques de développement cruciales, risquant de faire dérailler la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et d’exacerber l’impact du changement climatique.
La Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a déclaré, à l’occasion de la sortie de ce rapport, que « le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est inextricablement lié aux progrès de ces pays », ajoutant que le temps est compté pour que les PMA atteignent les ODD.
Trouver une solution durable à la crise de la dette
Le service de la dette reste un des principaux défis pour les économies des PMA. Le rapport indique que la dette dans les PMA a grimpé en flèche pour atteindre 27 milliards de dollars en 2021, soit une augmentation de 37 % par rapport à 2020.
« Face à la succession des crises, ces pays ont dû faire appel à des fonds internationaux et augmenter ainsi leur endettement extérieur. Beaucoup d’entre eux font face aujourd’hui à une situation de crise de la dette. En moyenne, les PMA dépensent deux fois plus pour le service de la dette que pour les dépenses en santé », explique Rolf Traeger, chef de l’unité des PMA à la CNUCED, au micro d’ONU Info. La CNUCED insiste sur la nécessité de trouver une solution durable à cette crise. Elle appelle notamment à mettre en place des mécanismes efficaces de restructuration de la dette.
Le rapport relève les besoins en financement considérables des PMA pour qu’ils réussissent la transition vers des activités à forte productivité, une étape indispensable pour qu’ils atteignent les ODD. Les estimations antérieures à la pandémie ont révélé un besoin en investissement annuel supérieur à 1000 milliards de dollars pour que les PMA doublent la part de l’industrie manufacturière dans leur PIB. Pour atteindre cet objectif, il faudrait un taux de croissance annuel « peu probable » de 20% au cours de cette décennie, selon la CNUCED.
Fonds pour les pertes et les dommages
Afin d’accroître la marge de manœuvre budgétaire, la CNUCED appelle les pays donateurs à respecter leurs engagements en augmentant l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les niveaux fixés dans les accords internationaux. Si ces objectifs avaient été atteints en 2021, les PMA auraient bénéficié de 35 à 63 milliards de dollars d’APD de plus que les 70 milliards de dollars qu’ils ont effectivement reçus.
Le rapport considère enfin que le lancement prochain du Fonds pour les pertes et les dommages lors de la 28e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) aux Emirats arabes unis pourrait changer la donne pour les PMA.
« Les pays les moins avancés sont ceux qui sont le plus exposés aux effets négatifs des changements climatiques. Ce qui signifie qu’ils devraient être les principaux bénéficiaires de ce nouveau Fonds dès 2024 », explique Rolf Traeger.
La CNUCED invite ainsi les pays développés à s’engager à verser un montant annuel minimum au Fonds et à mettre en place une stratégie crédible de mobilisation des ressources. En outre, les pays donateurs sont invités à fixer un objectif distinct pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les PMA, en se concentrant principalement sur l’adaptation aux changements climatiques et en simplifiant l’accès aux fonds.
ONu INFOS