A la tribune des Nations Unies, le Premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, a réclamé vendredi le déploiement d’une Mission multinationale spécialisée, en appui à la Police nationale haïtienne, afin de combattre les gangs et rétablir la sécurité.
« Au nom des femmes et des filles violées chaque jour, des milliers de familles chassées de leurs maisons, des enfants et des jeunes d’Haïti, à qui ont refuse le droit à l’éducation et à l’instruction, au nom de tout un peuple victime de la barbarie des gangs, j’exhorte la communauté internationale à agir vite », a-t-il déclaré lors du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Attaques violentes des gangs armés
Le Premier ministre a souligné « la dégradation outrancière de la situation sécuritaire, où la population subit quotidiennement les attaques violentes des gangs armés dans la capitale comme dans les villes de province ».
« Les criminels qui contrôlent la quasi-totalité de la capitale, les banlieues de Port-au-Prince et certaines villes de province, sèment la terreur. Ils assassinent, incendient, pillent, volent, violent avec une rare cruauté », a-t-il rappelé, ajoutant que la détérioration de la situation sécuritaire, ces dernières semaines, a engendré une nouvelle crise humanitaire avec des déplacés qui occupent de façon spontanée plusieurs sites pour s’échapper à la violence des gangs.
Face à ce péril, M. Henry a expliqué aux autres Etats membres qu’il a mobilisé « toutes les ressources disponibles pour affronter les gangs », le retour à la sécurité étant « indispensable au rétablissement des institutions démocratiques » et pour adresser « en profondeur les questions économiques et sociales ».
Urgence
Le Premier ministre haïtien a rappelé que le gouvernement a sollicité dans une lettre du 7 octobre 2022 transmise au Secrétaire général de l’ONU un « appui robuste, afin de renforcer les efforts de la Police nationale », une demande renouvelée en juin 2023.
Selon lui, il est « urgent » que le Conseil de sécurité des Nations Unies « autorise le déploiement d’une Mission multinationale spécialisée, à composante police et militaire, en appui à la Police nationale d’Haïti, afin de combattre les gangs et rétablir la sécurité ».
Il a salué en particulier le Kenya, « qui accueille positivement l’idée d’assumer le leadership de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti et qui a effectué une mission d’évaluation dans le pays au mois d’août dernier ».
« L’emploi de la force, comme première étape, demeure indispensable pour vaincre les gangs, rétablir l’ordre et créer un environnement propice au bon fonctionnement de l’Etat », a ajouté le Premier ministre haïtien, estimant toutefois que cela n’est suffisant et que le développement socio-économique durable doit être pris en compte « pour s’attaquer durablement à l’extrême pauvreté ».
Situation inquiétante à la frontière avec la République dominicaine
Il a aussi souhaité alerter la communauté internationale « sur une situation inquiétante qui s’est développée, ces dernières semaines à la frontière haitiano-dominicaine, créant un conflit dangereux et inutile entre Haïti et la République dominicaine ».
Selon lui, la « Rivière Massacre » est un cours d’eau « binational » dont l’exploitation est régie par le Traité de 1929 et l’Accord du 21 mai 2021. « Le gouvernement dominicain a contesté de façon inamicale et agressive le droit d’Haïti d’exploiter la rivière, sur son propre territoire », a-t-il estimé, dénonçant la fermeture des frontières terrestre, maritime et aérienne avec Haïti par les autorités dominicaines.
« Le gouvernement haïtien condamne de tels agissements qu’il considère comme un acte inamical et qui en plus mettent en danger la vie de ses ressortissants en République voisine », a-t-il ajouté, réclamant le respect de l’intégrité du territoire haïtien. Il a précisé que son gouvernement privilégiait la voie du dialogue et de la négociation dans cette affaire.
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