« On ne saurait parler de droits humains et de corruption sans questionner la gouvernance d’un pays » déclare d’entrée de jeu l’économiste Kesner Pharel pour initier la causerie débat lors du lancement, le 31 Juillet 2023, de l’Université d’été des droits de l’homme organisée par l’Institut Haïtien des Droits Humains (IHDH) à l’Office de la protection du citoyen.
Le Protecteur du Citoyen, Me Renan Hédouville a ouvert solennellement cette 4ième édition sous le thème Corruption et Droit de l’homme.
Kesner Pharel, invité d’honneur, a répondu avec simplicité et franchise aux questions du modérateur Benzico Pierre.
Les droits humains ne seront jamais respectés en Haïti quand on analyse les différents budgets annuels de l’État. Il existe déjà trop d’inégalités sociales à l’intérieur même du Budget. Le budget ne tient pas compte de la richesse personnelle de chaque individu, celui qui a moins d’entrées économiques peut avoir à débourser le même montant que celui qui est bien nanti.
Le budget d’Haïti, d’avantage un budget de dépenses de fonctionnement de l’État, ne tient nullement compte des investissements qui auraient dû être faits dans les domaines tels que l’éducation, la santé, le logement sans oublier la justice.
L’État haïtien n’investit pas dans les besoins primaires. La déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions y relatives ratifiés par Haïti ne sont pas respectés même en ce qui concerne l’accès au service de base.
Les inégalités sociales au niveau des différents départements sont aussi très grandes. La pression fiscale reste dans les grandes villes politiques du pays et l’État tend à oublier les Haïtiens qui vivent dans les villes éloignées voire les sections rurales.
2 départements consomment au moins 40% du budget : l’Ouest et l’Artibonite.
Les deux départements dans lesquels les gangs armés font les lois, bloquent les accès entre Port-au-Prince, le Sud, le Nord et le Centre. Entre Martissant, Canaan, Morne à cabri, Savien, les gangs ont délimité pour le citoyen le périmètre de la capitale d’Haïti.
Si on doit bien comprendre les propos de M. Pharel, on pourrait dire que les inégalités sociales accumulées au fil des ans et l’absence d’investissement à travers les différents budgets du pays sont les résultats de ce que nous vivons aujourd’hui en Haïti.
Parler de corruption revient d’abord à parler de la gouvernance pour Kesner Pharel et parler de gouvernance revient à analyser le Budget de l’État qui définit tout simplement les plans et la vision d’un gouvernement pour son peuple.
Le budget de l’État haïtien viole les droits humains des citoyens. Aujourd’hui, c’est le moment plus que jamais d’être de bons citoyens. Le bon citoyen est certes celui qui vote et qui paie ses taxes, mais le plus important le bon citoyen est celui demande la reddition de comptes et qui s’assure que la répartition des revenues soit bien faite.
Pour conclure, l’économiste croit qu’en absence du parlement, le gouvernement Ariel Henry ne peut être celui qui propose la loi de finance se rapportant au budget de l’État, qui la sanctionne et l’exécute en même temps.
Il croit que la consultation devrait être au moins faite avec les organisations de droits humains et qu’il serait judicieux d’avoir un observatoire de droits humains, car le budget est l’affaire du citoyen.
Plus les inégalités sociales se renforcent dans un budget plus l’obligation d’éliminer la pauvreté en 2030 selon l’engagement pris par Haïti dans les Objectifs de Développement Durable sera un leurre.
La Rédaction
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