Luís Abinader, se positionne aujourd’hui comme le Leader de l’île : un homme fort, capable de prendre les décisions adéquates ; un leader avisé soucieux de l’impact de la crise en Haïti ; mais surtout un président intraitable qui sait quelles mesures prendre pour défendre la « souveraineté de la République Dominicaine ».
D’entrée de jeu, il a invité l’assemblée à utiliser Google Earth via le téléphone portable pour localiser l’île Hispaniola, « la partie pleine de verdure est la République Dominicaine, et la partie grise dépouillée de toute végétation, aride, desséchée et déboisée est Haïti ». Voici comment Abinader a introduit Haïti dans son discours de circonstance, du haut de la tribune à l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 septembre, jour anniversaire du père de notre indépendance Jean Jacques Dessalines.
Luís Abinader dépeint une Haïti chaotique qui fait face à des problèmes d’instabilité économique et sociale, à l’effondrement de l’ordre public où l’Etat Haïtien n’est pas respecté. Une situation qui constitue une menace pour la République Dominicaine et pour la Région.
Il est temps, dit-il, que la Communauté fasse le suivi de la demande formulée par le PM Ariel Henry en ce qui concerne l’envoi d’une force internationale pour aider la Police Nationale d’Haïti à combattre les gangs.
Il a aussi fait mention de la construction du canal sur la rivière Massacre. Il décrit la ligne de la rivière qui a pris naissance en République dominicaine et qui traverse le territoire Haïtien sur deux kilomètres pour retourner en République Dominicaine. Abinader a fait état du danger que représente pour lui la construction du Canal relancée depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. Des travaux qui étaient acceptés en Mai 2021 selon certains documents signés par les deux pays, mais aujourd’hui en débat.
Le dossier du Canal sur la rivière massacre est présenté avec beaucoup de confusion et de contradiction de part et d’autre. Haïtiens et Dominicains se demandent qui a raison, qui a tort, quels sont les vrais documents. Une confusion totale, une opacité et des excès. Des dispositions militaires qui anticipent une déclaration de Guerre face à un pays qui n’a pas d’armée. La Police Nationale d’Haïti est de son coté en manque d’effectif pour protéger et servir la population haïtienne.
Il présente les initiateurs du re-lancement des travaux, contre qui il a pris des sanctions, comme un groupe de menace pour la sécurité d’Haïti et de son gouvernement. Une construction qui l’oblige à renforcer la sécurité de son territoire et à prendre des dispositions pour renforcer la souveraineté nationale.
« il n’y a pas de solution dominicaine aux problèmes Haïtiens », rappelle t’il.
Plus d’un an, depuis que Ariel Henry est vigoureusement critiqué par le gouvernement Dominicain et de manière très acide. Le PM haïtien garde toujours son silence et le dos bas, à se demander s’il n’est pas attentif à ce qui se dit étant trop occupé! Il faut toutefois signaler que le PM d’Haïti n’était pas dans la salle pour écouter le discours de Abinader.
« Le problème d’Haïti n’est plus en Haïti mais entre les mains de la communauté internationale » déclare une fois de plus Abinader.
Une fois de plus, Abinader fait ces déclarations qui confirment une ingérence étrangère en Haïti. Les autres le disent tout bas, mais Abinader dit du haut du podium de l’ONU la mise sous tutelle moderne imposée à Haïti.
Abinader a parlé à peine 6 minutes de la République Dominicaine. La plus grande partie de discours de 15 minutes était réservée à Haïti.
Il a continué en peignant un tableau encore plus sombre de la crise haïtienne. Du haut de la Tribune, il n’a pas caché son admiration pour le président américain Joe Biden avec qui il a soupé la veille avec sa femme. De plus, il a :
– rappelé au Conseil de Sécurité l’importance de statuer sur la force multinationale que le Kenya a accepté de diriger et aussi de relancer le régime de sanctions contre les élites économiques et politiques qui financent les gangs ;
– félicité William Ruto, le président du Kenya, son nouvel ami, qui a accepté de diriger la force internationale en Haïti et avec qui il a signé un accord cadre pour des relations bilatérales et l’ouverture d’un bureau à Nairobi;
– remercié les Premiers Ministres de Bahamas et de Jamaïque pour leur contribution dans le dialogue inter-haitien ;
– fait la promotion d’un pacte social et politique pour Haïti qui doit être conduit sous le leadership du Caricom ;
– encouragé le Caricom à aider les acteurs à trouver un accord pour arriver à la réalisation des élections au plus vite en Haïti car « le peuple ne peut plus attendre ».
Entre temps, Luís Abinader, avait déclaré être ouvert à toute médiation si et seulement si les travaux du canal s’arrêtent, mais entre temps, il maintient ses mesures envers Haïti notamment :
– Suspension de visas en faveur des citoyens haïtiens ;
– Fermeture des frontières terrestre, maritime et aérienne ;
– Déploiement de militaires dominicains sur la ligne frontalière ;
Abinader conclut son discours en alertant l’ONU sur une éventuelle “Chronique d’une tragédie annoncée”.
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