Note de Jean Henry Céant à l’occasion du 221eme anniversaire du Drapeau National d’Haïti
Pour un autre congrès patriotique pour l’Union de la famille haïtienne
Le premier Congrès de l’Arcahaie a été une page unique de l’Histoire d’Haïti. Elle donne à lire une édifiante leçon de courage, de concorde, de partage, de générosité et d’abnégation, offerte par des hommes, des femmes, des combattants et combattantes révoltés par les conditions inhumaines établies par l’esprit esclavagiste du colonialisme dont le racisme, les préjugés de tous ordres, les intérêts économiques démesurés , les luttes de clans, etc….
Nous avons toujours compris que le sauvetage actuel de la Patrie, l’Union de la famille haïtienne, doit passer par un autre congrès qui puise véritablement sa source dans celui de l’Arcahaie.
En Mai 2010, trois mois après le dévastateur tremblement de terre, nous avions donc lancé l’idée du Deuxième Congrès de l’Arcahaie avec le Collectif AIMER HAÏTI. Un événement qui avait réuni plus de 2000 délégués venant des quatre coins du pays et de la diaspora.
Ce «Deuxième Congrès de l’Arcahaie» était inscrit dans la quête d’un pacte haïtien, intergénérationnel, intersectoriel et intercommunautaire, pour la construction d’une société moderne, de justice et de démocratie, où toutes les catégories sociales ont leur place et dans laquelle les classes moyennes élargies, instruites, responsables et intégrées, jouent leur rôle historique de médiation entre les extrêmes et de liant social pour la mise en commun rénovatrice, évitant ainsi les dérives du passé.
Toujours convaincu que seul ce Pacte ouvrira les voies de progrès et de modernité, nous avons initié en juin 2013, le Centre Haitiano-Arabe pour le Développement, l’Education et la Culture (CHADEC). Arabes et Haïtiens, quoique d’origines diverses, sont de la même famille : celle de la conquête de soi, de la récupération des valeurs universelles des droits de l’homme.
Devenu Premier Ministre, nous avons lancé, en novembre 2018, le dialogue national avec l’accord du Président Jovenel Moïse. Le document, encore d’actualité, portant sur une proposition de Pacte de Gouvernabilité a été livré.
Ce 22 janvier 2019 a été révélateur du profond clivage qui règne dans notre Société comme de la cécité et de la pusillanimité des hommes politiques à l’écoute du chant mélodieux des sirènes.
Cette rencontre à la salle des Congrès de la Banque de la République d’Haiti ( BRH ) a réuni : la communauté internationale, certains chefs influents de partis politiques de l’opposition lors dont le professeur Victor Benoit et Clarens Renois qui ont pris la parole dans la franchise de leur conviction citoyenne, ainsi que des figures emblématiques de la société civile tels Édouard Paultre, Rosny Desroches, Carole Demesmin, Professeur Charles Tardieu, Théodore Beaubrun Junior ( Lòlò), Professeur Auguste D’Meza, des figures de proue du Secteur des Affaires comme Pierre Marie Boisson et Bernard Craan, plus de 250 délégués de toutes tendances venus des 10 départements du pays et des personnalités connues de la Diaspora d’où se détachaient le Docteur Fanell Alerte et l’Economiste JP Michel, TOUS présentés brillamment par Madame Emmelie Prophète Milcé dans le rôle de Maître de cérémonie du jour.
Cet évènement solennel aurait pu marquer le point de départ du grand dialogue salvateur mais hélas!, la courte vision de certains et l’opiniâtreté d’autres ont de préférence convaincu le Président Moïse à persévérer dans les sillons du ratage et de la dégringolade qui ont ouvert la voie aux mésaventures inimaginables que connaît actuellement le pays.
18 mai 1803 – 18 mai 2024, soit 221 ans plus tard, nous sommes tous, une fois de plus, convoqués en ce moment critique de notre vie de peuple au combat pour la Paix, la Concorde et le Bonheur du peuple haïtien. Face à l’ampleur des tâches de développement à accomplir, face à l’urgence de la paix à établir, face aux plaies d’ici et d’ailleurs à panser, nul ne peut et ne doit se dérober à ses devoirs citoyens de solidarité et d’entraide. Un nouveau Congrès, sous une forme ou sous une autre, est la clé et doit être l’oeuvre de tous.
Bonne Fête du Drapeau Haïtien
Samedi 18 mai 2024
Me Jean Henry Céant, Citoyen
Ancien Premier ministre d’Haïti