L’un des principaux points d’achoppement a toujours été de savoir quel pays se porterait candidat pour diriger une mission qui pourrait s’avérer très compliquée et risquée. Les médias suggèrent que les gangs exercent un contrôle sur environ 80% de la capitale et le Premier ministre haïtien a déclaré qu’il y avait 162 groupes armés avec 3.000 « soldats » dans tout le pays.
Fin juillet, le Kenya a annoncé qu’il envisageait de diriger l’effort multinational de soutien à la sécurité en Haïti. Des fonctionnaires kenyans se sont rendus en Haïti et se sont entretenus avec des dirigeants haïtiens et régionaux, entre autres, au sujet du mandat et de la portée d’une telle opération.
Le Président kenyan William Ruto a déclaré à l’Assemblée générale que les Haïtiens « souffraient énormément de l’héritage amer de l’esclavage, du colonialisme, du sabotage et de la négligence », ajoutant que la gestion de la situation en Haïti était le « test ultime de la solidarité internationale et de l’action collective ».
Les autres pays des Caraïbes et les membres du groupe régional CARICOM, notamment la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda, se sont déclarés prêts à soutenir la mission.
Selon l’ONU, la police nationale haïtienne doit être renforcée pour pouvoir répondre aux énormes défis auxquels elle est confrontée.
De quel type d’opération s’agira-t-il ?
Il est important de noter que la mission de sécurité ne sera pas une opération de l’ONU, contrairement à la MINUSTAH, la mission de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, qui a pris fin en 2017.
Le Premier ministre Henry a demandé le « soutien robuste » de la police et du personnel militaire pour appuyer la PNH. Il a ajouté que ce soutien était « indispensable pour vaincre les gangs, rétablir l’ordre et créer un environnement propice au bon fonctionnement de l’État ».
Le Président kenyan, M. Ruto, a déclaré que la mission, qui pourrait comprendre 1.000 membres du personnel kenyan, serait « dotée de ressources suffisantes et efficaces ».
Que se passera-t-il ensuite et quelle sera l’implication des Nations Unies ?
Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se réunir pour définir le cadre de cette mission non onusienne et l’autoriser. Les 15 membres du Conseil envisageront de l’approuver sous le Chapitre sept, la disposition de la Charte des Nations Unies qui autorise le recours à la force lorsque toutes les autres mesures de maintien de la paix et de la sécurité internationales ont été épuisées.
Pendant ce temps, l’ONU continue de soutenir Haïti sur plusieurs fronts. Une mission politique, connue sous son acronyme français BINUH (Bureau intégré des Nations Unies en Haïti), continue de soutenir les efforts du gouvernement pour renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’Etat de droit.
Les agences de l’ONU fournissent une aide humanitaire aux Haïtiens touchés par la violence et l’insécurité, mais aussi par des catastrophes naturelles telles que le tremblement de terre d’août 2021. Elles soutiennent également les autorités nationales et les institutions publiques dans la restauration des acquis du développement durable à long terme. Il s’agit notamment de renforcer une économie inclusive et l’administration de la justice, d’assurer la fourniture et l’accès aux services sociaux de base et d’améliorer la gestion des risques multidimensionnels.
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