Face à la crise occasionnée par la construction d’un canal sur la Rivière Massacre, l’Ancien premier ministre haïtien, Jean Henry Céant, sort de son silence pour proposer des solutions pouvant permettre un meilleur dénouement à cette situation entre les deux pays.
Le Président de la République Dominicaine Luís Abinader a décidé en réaction aux travaux du canal de suspendre l’octroie de visas aux haïtiens, de fermer les frontières terrestre, maritime, et aérienne depuis le vendredi 15 septembre 2023 et de déployer les forces militaires tout au long des frontières.
Nous reproduisons ici l’intégralité du texte de l’ancien premier ministre haïtien écrit en français et en espagnol qui a été acheminé à la rédaction de notre journal Le Quotidien 509.
POUR RECADRER LES RELATIONS HAITIANO-DOMINICAINES :
Aujourd’hui, les populations habitant l’île dans ses deux composantes orientales et occidentales font face à une nouvelle crise socio-politique déclenchée autour de la construction d’un canal pour prise sur la Rivière Massacre. Abordée avec pragmatisme, discernement et bonne foi, une gestion avisée de cette crise, loin de conduire vers un massacre, peut amener les dirigeants à la fortification d’une vision partagée qui tienne compte des intérêts de leur pays respectif.
Dans notre quête de trouver une solution adéquate aux divers problèmes récurrents qui divisent les deux républiques, nous en appelons à une grande concertation des SOCIETES CIVILES haïtienne et dominicaine qui, dans leurs actions conjointes, résolues et déterminées, nous aideront à transformer nos difficultés de communication en opportunités de dialogue franc et sincère pour élaborer des approches justes et équitables. Il est temps de constituer une force insulaire de production commune, de relèvement conjoint et de galvanisation du sens humaniste de chaque citoyen.
Pour ce faire, nous réitérons notre appel aux secteurs-clé des sociétés civiles des deux pays, particulièrement les universités, afin d’assumer leurs responsabilités historiques d’aménager un espace de discussions propices pour trouver les réponses adéquates :
1) Au problème de la Rivière Massacre et la solution idéale et adaptée ;
2) Au meilleur moyen de conjuguer les efforts de réussite de l’Entrepreneuriat haïtiano-
dominicain ;
3) Au contrôle des frontières pour la protection des deux pays et la garantie de leur sécurité
effective ;
4) À la structuration des trafics légaux sur le territoire de l’île entière ;
5) À la reconstitution des pans historiques pour une meilleure compréhension des mentalités et
des réactions en spontanéité ;
6) À la règlementation, aux recours et pénalités en matière migratoire ;
7) A la conscientisation sur les méfaits des changements climatiques, la protection de
l’environnement et la transition écologique ;
8) A la préservation de la nappe phréatique commune et une meilleure gestion des eaux de
surface;
La République d’Haïti et la République Dominicaine sont condamnées à trouver les ingrédients appropriés pour le vivre-ensemble dans le respect des lois, accords et spécificités des deux pays. Nous sommes en réalité un espace de partage obligé mais surtout une communauté d’intérêts et de réalisations solidaires. Conjuguons force et énergie pour une réussite consolidée.
De plus, en vue de maintenir un dialogue continu, Il nous faut immédiatement relancer la commission mixte haïtiano-dominicaine, nous assurer que toutes les composantes de cette structure soient opérationnelles tout en profitant pour vider tous les contentieux en vue de l’harmonisation durable des relations entre les deux pays frères.
Les guerres mènent au cimetière mais le vivre-ensemble conduit vers le bonheur.
Le 16 septembre 2023.
Me Jean Henry Céant
@lequotidienht