Il est 2heures du matin, je me réveille en sursaut. Sortant difficilement d’un terrible cauchemar dans lequel mon cœur s’est arrêté de battre. Cauchemar et Réveil. Qu’est ce qui est le plus à craindre ces derniers mois.
Comment faire pour rentrer dans la réalité, ouvrir les yeux doucement, reprendre le souffle avec une lenteur calculée et garantir un réveil sans dommage oculaire ni cérébrale. Un réveil qui fait peur. Peur de ne pas perdre le dernier battement de son cœur, peur d’assister, paralysée au départ de son âme endormie et surtout peur de rester indéfiniment plongée au creux des rêves et des peurs qui nous guettent.
Peur d’un AVC en plein sommeil !
Peur de partir en douceur et laisser un avenir incertain à son petit être cher
Peur de laisser des obligations qui n’ont pas été liquidées
Peur du vide et du précipice !
Pourtant je suis loin de l’Alma mater, Haïti Chérie.
Haïti mon pays, Haïti qui m’inspire,
Haïti qui me fait vibrer.
Haïti, ma peur.
Haïti mon tourment.
Haïti, ma source dépressive.
Haïti soleil, rebelle mais qui cesse de briller.
Très fiers de notre passé historique,
Très fiers de nous entendre déclarer du haut des grandes tribunes que “Nous sommes un peuple Résilient”
Oui, Résilient pour dire que nous sommes un peuple fort,
Résilient pour dire que nous sommes capables de surmonter la douleur et les mauvaises passes
Résilient pour dire que nous avons connu pire
En effet, nous sommes un peuple résilient !
Une résilience qui fait de nous, un grand stratège pour nous échapper et fuir la peur
Une résilience qui nous oblige à chercher continuellement une porte de sortie pour ne pas disparaître.
Résilient, aujourd’hui, pour parler du cobaye que nous sommes devenus
Résilient oui, mais jusqu’à quel prix.
Au cours de la nuit, les masques tombent. La résilience disparait.
Nous revenons dans le grand noir, livrer à nous-mêmes, nos émotions et nos cellules qui n’ont qu’un maître.
Dans la nuit, nos cellules se regénèrent à leur manière suivant le rythme et le stress du quotidien. Nos cellules sont devenues résilientes, il faut croire, mais elles s’entrechoquent dans le combat pour rester en vie et pour exister. Quelle cellule sera plus résiliente que l’autre.
Arrêtez de parler de Résilience, nous sommes dans la grande dépression. Arrêtez de faire appel à cette résilience qui soustrait les obligations de bonheur et du bien-être du peuple haïtien. Arrêter de parler de Résilience pour faire durer le temps des actions et du changement.
Nous sommes fatigués, fatiguées d’être résilients, fatigués de faire face à l’inacceptable, fatigués des combines qui nous emportent dans l’au-delà sans préparation et sans conversion.
Arrêtez d’explorer la résilience du peuple haïtien. Faites votre travail, Leaders d’Haïti et Leaders du Monde.
Joyeux Noël 2023 et Bonne année 2024
La rédaction