Haïti est divisé principalement parce que ceux qui se disent des gouvernants sont dépourvus de pouvoir et sont esclaves de plus grands qu’eux. Ainsi, Haïti gémit et est en agonie. « Kabrit ki gen twop mèt mouri nan patiraj » (l’animal qui a trop de propriétaires finit par mourir faute de soins). N’avions-nous pas pensé que le système actuel a trop duré et qu’il faut renoncer au statu quo pour permettre au pays de progresser ?
Beaucoup diront qu’il est facile pour nous, de pointer du doigt ceux qui sont au pouvoir et aux alentours, de les accuser de moquerie envers le pays et ses enfants. En effet, ceux-là auront raison car il nous faut admettre qu’il existe une majorité silencieuse que nous sommes obligés de ne pas omettre. Certes, la raillerie la plus dangereuse et destructrice même vient de ceux qui restent dans leur coin en silence, et qui délibérément décident qu’il en soit ainsi.
Nous constatons avec peine et cela depuis trop longtemps que les populistes sont en tête de liste des opportunistes qui ont les oreilles de notre peuple ; cela fait très peur car c’est pour leur malheur. Ces arnaqueurs briguent tous les postes de président, ou de député ou encore de sénateur. D’autres plus audacieux ou plus magouilleurs peut-être, restent dans l’ombre et manipulent les « grands-parleurs » qui sont loin d’être des porteurs de solutions efficaces et durables ; ces fauteurs de troubles n’ont qu’un dénominateur commun : L’enrichissement rapide. Le peuple est tiré dans tous les sens par ces manipulateurs et… le peuple périt par manque de connaissances !
Ces derniers temps, le peuple croit apparaitre un nouveau « mécène » sur la scène. Les gens du pays sont tellement désespérés qu’ils sont disposés à accepter n’importe qui leur promet de les tirer de l’emprise des gangs et de leurs dirigeants, – ces sans-gênes, qui créent cette insécurité et cette ambiance criminogène qui sévit dans le pays. C’est très bien d’espérer voir quelqu’un émerger pour nous sortir de ce guêpier mais l’espérance ne doit pas nous aveugler et nous faire avaler les couleuvres que nous offrent ceux qui font semblant d’accomplir de « bonnes œuvres ». Même lorsque certaines actions antérieures nous invitent à nous laisser emporter ou mener, il faut toujours prendre le temps de réfléchir, d’analyser car derrière toute action se dresse un mobile.
Qu’il s’agisse d’une révolution ou d’un coup d’État ou même d’une révolte, il y a toujours une préparation ou une planification et… des chefs de file. Une révolution n’est pas spontanée car comment comprendre que tous les gens du pays (du moins une majorité) y compris la police et/ou l’armée se décident un bon matin de prendre d’assaut les mauvais dirigeants, les ministères, le pays en même temps. Ne croyons pas en la coïncidence, car ce n’est pas vrai. Peut-il y avoir un seul meneur, nous ne disons pas leader ? Qui finance ou qui tire les ficelles ? Est-ce une nouvelle forme de manipulation pour nous voler le peu qui reste de notre liberté, pour nous faire oublier et éliminer notre souveraineté ? Attention à ne pas servir de tremplins, à ne pas être de ceux qui travaillent et qui n’obtiennent aucune récompense « bourik travay bay chwal galonnen ».
On avance : « Aux grands maux les grands remèdes » ! Incontestablement, Haïti souffre de la division engendrée par les mauvais politiciens que sont les dirigeants. Il n’y a aucun doute qu’il nous faut divorcer avec les mauvaises pratiques de « ôte -toi que je m’y mette pour que je fasse pire que toi et enfonce le pays davantage ». Pour cela, il est nécessaire de bien identifier le remède et celui ou ceux qui l’administrent, sinon le pays deviendra encore plus divisé et il sera encore plus difficile de « raccommoder le tissu social décousu et pourri » … Le remède est l’union et celui qui la prêche doit être au-dessus de tout soupçon.
Nous devons renoncer à mettre notre « bon vin dans de vieilles outres » ou d’essayer de réparer notre tissu social et de penser à le rendre sain avec des « éléments malsains ». Si nous voulons obtenir un bon résultat, c’est -à-dire sortir le pays de cet état, il faut tenter quelque chose que nous n’avons jamais fait jusqu’ici : Se mettre vraiment ensemble et reprendre les principes qui ont été véhiculés dans notre Acte d’Indépendance et abandonner les dictons « woch nan dlo pwal konnen doulè woch nan solèy », « nèg anwo, nèg anba », « moun andeyô, moun lavil », « moun wouj, moun nwa » « depi lan ginen nèg rayi nèg » « Bayo sa yo merite » et… tous les autres de ce genre qui nous font reculer et servir de cobaye à l’ennemi -qu’il soit national ou international.
Les aïeux ont remis « en nos mains le dépôt sacré de notre souveraineté, songeons que c’est à nous maintenant de la conserver ». « Apprenons à développer nos propres ressources et à ne compter que sur nous-mêmes ». « Jurons enfin de poursuivre à jamais les traîtres et les ennemis de notre indépendance ». Restons unis et ne nous laissons pas séduire par les belles paroles qui bientôt vont nous désunir et nous réduire encore plus. Mettons-nous ensemble pour bâtir une vraie République, en exhortant les uns les autres, sœurs et frères, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de rivalités parmi nous, à résoudre nos conflits afin d’éviter que ces derniers soient utilisés par l’ennemi pour mieux nous polariser.
Si les temps passés ou présents ont couvert le pays d’opprobre, que les temps à venir nous couvrent de gloire parce que nos têtes seront relevées, et nous aurons compris qu’il est inutile de continuer à être nos propres ennemis.
Dr. Winie E Robin
Conférence Nationale: Sauver Haiti (Facebook)