Voilà un autre sujet, qui sûrement, n’aura pas su rallier la grande foule. Avec la précarité de la vie en Haïti, l’avènement des gangs et tout ce qui vient avec, parler de patriotisme ces jours-ci ne viendrait pas sans risque ni sans heurt. Toutefois, je crois sincèrement que nous devons en parler aujourd’hui plus que jamais. Les problèmes d’Haïti ne sont pas liés à Haïti, mais aux Haïtiens eux-mêmes. En réalité, Haïti n’est que beauté, entre ciel et mer, entre les bonnes personnes que nous sommes et le sens poussé de l’hospitalité qui nous caractérise, entre notre riche gastronomie et notre culture fabuleuse… Oui, Haïti n’est que beauté ! Nous sommes le problème, est-ce pourquoi nous devons nous investir davantage à cultiver le patriotisme, pour la renaissance effective et durable de notre patrie commune.
Mes amis lecteurs avec la mémoire fidèle se souviendront, à coup sûr, de ce sujet du baccalauréat haïtien : « Saint Domingue n’est plus, mais Haïti n’est pas encore ». Tout comme pour dire que nous ne nous sommes jamais constitués en tant que nation, même après notre indépendance. Nous nous sommes contentés de vaincre l’esclavage, ce qui est magnifique, sans nous soucier des lendemains de notre histoire. C’est exactement là que le problème se pose, notre identité haïtienne demeure à créer. Et tout commence par l’amour du pays, d’où le patriotisme.
Je ne sais pas trop pourquoi, mais tout ce qui se rapporte au patriotisme tend à disparaitre ces derniers temps en Haïti. C’est à peine que les écoliers connaissent La Dessalinienne, encore moins qu’ils ne participent à la montée du drapeau, ou même que l’on s’arrête dans les rues pour le saluer à 8 heures du matin. Ce sont là des gestes patriotiques qui s’effritent peu à peu ; mes plus jeunes lecteurs ne reconnaitront même pas ces pratiques.
Alors qu’arrivées aux Etats-Unis, par exemple, tous se veulent américains et vouent tout l’amour du monde à la terre d’accueil, méprisant sans réserve la terre de naissance. La vérité est aussi, qu’une fois à l’extérieur, les haïtiens divorcent de toute paresse pour devenir des rudes travailleurs, à la recherche de la vie à tout prix. La question qu’il conviendrait de se poser à présent, c’est pourquoi sommes-nous différents, selon que nous soyons chez nous en Haïti ou à l’extérieur ? Les réponses pourraient pulluler, je conviens toutefois que tout ceci constitue un autre débat. Il faudrait quand même retenir, au passage, que c’est à nous de faire quelque chose pour le pays, pas le contraire. Le pays ne peut pas, seul, progresser ou se transformer en un paradis. C’est à nous autres, citoyens, qu’il revient la prérogative de nous développer à titre personnel, et contribuer ainsi au développement du pays.
Tout ceci est pour soutenir que les parents se doivent, également, d’assister les enfants à ce niveau de leur éducation citoyenne. Je le dis souvent et répète qu’il y a deux aspects de nos vies que nous ne choisissons pas : la famille et la nationalité. Autant que nous devons aimer la famille, autant que nous devons aimer la patrie. Quelle que soit la nationalité que nous pourrions acquérir, nous danserons toujours au son du tambour, nous resterons, encore et avant tout, Haïtiens…
A sortir prochainement : Retour à la source 3
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Au plaisir de servir…
Patrick G. Volcy