Saint-Domingue – La crise migratoire dans “les Amériques” et la situation délicate en Haïti, exacerbée par la violence des bandes armées, ont dominé l’ouverture de la réunion de l’Assemblée parlementaire euro-latino-américaine (Eurolat) au Sénat de la République dominicaine mardi, dont les travaux se poursuivront jusqu’à jeudi.
Le coprésident d’Eurolat du côté américain, le panaméen Amado Cerrud Acevedo, a notamment évoqué l’explosion migratoire que connaît son pays, en particulier à la frontière avec la Colombie, où plus de 350.000 sans-papiers ont transité cette année en direction de l’Amérique du Nord.
Le Panama est aujourd’hui, a-t-il dit, “un pont” par lequel passent des milliers de personnes victimes de la traite des êtres humains.
Dans son discours, le député a également évoqué la situation “critique” d’Haïti, qui pousse la migration irrégulière vers la République dominicaine voisine, avec laquelle elle partage l’île d’Hispaniola.
Mais “ce n’est pas avec des murs ou des lois draconiennes que nous allons arrêter ce flux, c’est en s’occupant de l’origine des problèmes, en offrant un mode de vie plus juste”, a déclaré l’homme politique panaméen lors de la cérémonie d’ouverture, à laquelle ont également participé la vice-présidente dominicaine, Raquel Peña, et les présidents du Parlement du Mercosur (Parlasur), Mario Colman, et du Parlement latino-américain (Parlatino), Silvia del Rosario Giacoppo.
Le président de la composante européenne d’Eurolat, l’Espagnol Javi López, s’est exprimé dans le même sens, indiquant que la région connaît une crise migratoire “sans précédent”.
Le phénomène migratoire est “complexe” et il est nécessaire de “s’organiser et d’être capable de respecter les règles internationales et celles relatives aux réfugiés”, a-t-il déclaré.
Pour sa part, le président du Sénat dominicain, Ricardo de los Santos, a rappelé la grave crise que traverse Haïti depuis des années et qui a conduit le Conseil de sécurité de l’ONU à approuver, au début du mois, la création d’une force multinationale d’assistance policière pour ce pays pauvre des Caraïbes, qui sera dirigée par le Kenya.
“La situation en Haïti est une situation d’extrême urgence (…). La stabilité d’Haïti relève de la responsabilité de la communauté internationale”, a déclaré le sénateur dominicain qui, à l’instar du président du pays, Luis Abinader, a souligné qu'”il n’y a pas et il n’y aura pas de solution dominicaine au problème haïtien”.
C’est pourquoi la solidarité de la communauté internationale “est urgente et sans délai pour lutter contre la famine, l’insécurité et pour que la paix et l’espoir reviennent” dans le pays voisin.
En outre, les parlementaires des deux régions discuteront du programme d’investissement Global Gateway, qui prévoit d’investir 45 milliards d’euros en Amérique latine et dans les Caraïbes jusqu’en 2027 (environ 47 milliards de dollars au taux de change actuel), dans le but de réaliser la triple transition numérique, verte et sociale.
Le programme de ces réunions Eurolat sera composé de ses quatre comités, le Bureau exécutif, le Groupe de travail sur la sécurité alimentaire, la Rencontre avec la société civile et le Forum euro-latino-américain des femmes.
Les réunions Eurolat s’articulent autour de trois axes principaux :
– La migration, un sujet de grande importance dans les deux régions, comme en témoigne la situation à la frontière entre la République dominicaine et Haïti.
– Alliance numérique et éducative, où l’accent est mis sur des questions importantes de développement pour nos sociétés telles que la transformation numérique, l’intelligence artificielle et la cybersécurité, et où l’Alliance numérique UE-ALC lancée à Bogota en mars 2023 est valorisée, ainsi que l’agenda d’investissement prévu pour la passerelle globale UE-ALC.
– La lutte contre le changement climatique et ses effets, où l’Association stratégique birégionale UE-ALC peut apporter une contribution importante aux efforts de coopération mondiale.
Eurolat, créé en 2006, est composé de 150 parlementaires (75 de chaque côté). Outre les membres du Parlement européen, il comprend des représentants de parlements régionaux tels que le Parlatino, le Parlasur, le Parlandino (andin) et le Parlacen (centraméricain), ainsi que les congrès du Chili et du Mexique.