Certains diront qu’il faut arrêter de rappeler qu’Haïti est la Première République Noire Indépendante. Cette affirmation assassinée par les effets dévastateurs de la colonisation française et de l’occupation américaine, les luttes fratricides alimentées par des Pays dits amis justifient à leur sens qu’il faut arrêter de rappeler l’histoire d’Haïti. Faut-il tout rejeter même si nous n’en avons rien fait. Il faut rappeler cette maxime “un peuple sans mémoire est un peuple sans histoire” agrémentée par l’édulcorant d’Aimé Césaire “Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir”?
Comment oublier à ce point notre identité ? Et comment renier, aujourd’hui aussi le temps fort de notre propre histoire devant des Etats qui ne représentent même pas, à eux tous réunis la superficie d’Haïti voire sa démographie ? Sommes-nous réellement en panne d’imagination, en panne d’hommes et de femmes de caractère ? Qui sont ceux et celles qui, aujourd’hui, ont décidé de parler au nom du peuple haïtien?
Certains se plaisent à dire qu’il faut remercier la CARICOM pour avoir accepté de jouer, entre les acteurs haïtiens, le rôle de l’intermédiaire, l’arbitre, le censeur et aussi du Directeur Général du Collège CPT. Un collège ayant recruté les élèves amalgamés, trublions, coquins, turbulents et pleins de malice devant le pouvoir politique. Les inscriptions à ce Collège n’ont pas été lancées par le peuple haïtien, mais par des acteurs étrangers comme Jonathan Powell, Brian Nichols, et des lobbyistes de la communauté internationale ayant un agenda spécifique.
La stratégie de la main invisible ayant favorisé le déplacement de Ariel Henry d’Haïti, son incapacité technique et matérielle à revenir au pays à cause, dit-on sans nous berner, de la menace des gangs armés et finalement sa démission de Los Angeles (USA) étant, a été un coup de génie. Le Core Group a donné, le Core Group a ôté, le Core Group a repris!!! Que le Core Group soit béni pour nous avoir débarrassés de manière un tantinet humiliante de son poulain Ariel Henry !
Où est Haïti dans tout cela !
Tous les membres du Conseil présidentiel de transition CPT ont dû, pour faire partie du Collège, peut-être à leur corps défendant, réclamer, appuyer ou supporter l’arrivée de la mission multinationale d’appui à la sécurité. En pleine crise pour la présidence du CPT, ils ont quand même pu s’entendre pour écrire au Président du Kenya, William Ruto, afin de réclamer ses troupes tandis qu’à Port-au-Prince, les bandits ralentissent leurs frappes et la Police Nationale d’Haïti comptabilise des petites victoires. La vie semble reprendre timidement pendant que le CPT se déconstruit dans l’oeuf même (majorité 4/7, 5/7, présidence tournante, irrespect de l’accord du 3 Avril 2024, du décret du 12 Avril 2024… voire de la déclaration même de CARICOM).
Occupés à gérer cette lutte interne pour une présidence qui ne porte que le nom, les membres du CPT oublient tout simplement l’enfer que vit le peuple haitien.
D’un autre côté, qui contrôle les premiers déversements de matériels militaires sur le tarmac de l’aéroport Toussaint Louverture ? Un tarmac devenu bizarrement accessible mais toujours gardé dans la prohibition des avions commerciaux ? Des millions de dollars sont donnés quotidiennement à Haïti, qui comptabilise ces Aides versées au peuple haïtien ?
Tandis que les Nations-Unies ont ouvert un fond fiduciaire pour collecter la somme de deux cent cinquante millions de dollars américains pour la mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), parallèlement, le gouvernement de Ariel Henry qui n’a pas su pourvoir la Police Nationale des besoins primaires, a pu payer, commission oblige, cinq cents millions dollars américains ($US500,000.000) au Vénézuela pour effacer la dette d’Haiti. D’un autre côté, le ministère de l’Economie et des Finances a pu décaisser plus de trois cents millions de gourdes soit approximativement deux millions deux cent cinquante mille dollars (selon nos sources) pour dédommager les occupants et non les propriétaires des maisonnettes qui ornaient la clôture de l’aéroport. Pas une balle tirée ni perdue !
Des dépenses, peut-être nécessaires on en convient, mais il semble qu’on a pris les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages !
Les composantes de Montana sont devenues subitement des moutons de Panurge qui hier étaient des brebis galeuses. Voilà ce qu’est devenue notre Haïti le laboratoire des expérimentations politiques atypiques.
Qui a dit que Haïti est un singulier petit pays? Un professeur émérite nous interdisait de répéter cet aphorisme à un moment de compréhension philosophique de la science politique. “La dynamique mondiale du libéralisme, de l’ajustement structurel à la reconquête de l’espace politique planétaire nous apprend aujourd’hui que le comportement idoine et idéal se veut réfractaire quand on parle d’Haiti mais les données auront changé avec nos minorités d’obédience et d’apparence sociale qui bougent et réduisent les frontières idéologiques”.
De Montana à la mer rouge seule la canne de l’Elu repêché semble différente quand il s’agit d’intérêts politiques.
Kot kòb Petrokaribe, privilégiés de Petrocaribe, victimes de Petrocaribe se rencontrent, s’articulent et complotent ensemble dans un mélange disharmonieux ou mariage contre nature que seule la première République noire peut héberger. Le professeur avait tort de croire que tous les pays étaient singuliers. Non ! Il y a des caractéristiques communes à tous les pays toutefois limitées par le bain culturel mais notre particularité à nous fait à la fois notre force et surtout notre faiblesse dont tout le monde en profite. C’est là tout le secret de cette mythique Haïti aussi qui renaîtra de ses cendres mais sous les minces épaisseurs du masque.
Nos ancêtres avaient pu trouver leur ardeur belliqueuse et leur énergie débordante dans la diversité des souffrances et cruautés et aussi les énergies centripètes dans la douleur et le désarroi. 7 ou 9 symbolisent une multitude difforme qui finira par se diluer dans l’émergence de nouveaux soleils qui brilleront. La rupture est à ce prix, nous le paierons dans le lessivage du mensonge jusque là indécrotté. Le temps des comptes semble présent, il faut les rendre et réclamer le sursis du bas les masques.
Si les intérêts individuels motivent, la misère, la déchéance et les frustrations finiront par construire l’âme patriotique capable de réaliser encore des prouesses inattendues.
Haïti étonnera le monde une nouvelle fois mais cette fois la symphonie sera achevée.
La Rédaction