Rubrique sur la Parentalité par Patrick G. Volcy – Saison 2 Part 26
Ce titre se veut une suite cartésienne de la spiritualité. On est reconnaissant par ce qu’on est spirituel. Et tout naturellement, vivre par l’esprit requiert un tant soit peu de maitrise de la langue, des mots, d’où l’acceptation du pouvoir de la parole. Sans que l’on s’en rende compte, nous avons tous un certain pouvoir sur la vie, sur les choses et les gens, sur notre destinée, sur l’avenir de nos enfants… rien que par les mots qui nous sortent de la bouche. Je souhaite ainsi consacrer deux publications sur le sujet afin de mieux sensibiliser les parents là-dessus, et du coup, permettre à ceux qui ne sont pas encore parents, particulièrement les plus jeunes, de comprendre toute l’importance et les nuances qui viennent avec.
Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous dites pourrait être retenu contre vous. C’est ainsi que l’on s’adresse aux personnes inculpées, tout juste pour faire l’éloge du silence et souligner le poids que chaque mot pourrait peser. Autant que tout ceci soit vrai sur le plan judiciaire, il en est de même pour la vie quotidienne. Chaque mot que nous utilisons aura un impact sur les gens avec qui nous nous engageons. Certains mots apporteront un réconfort et feront plaisir, certains autres dérangeront et changeront les humeurs. Fusse même que l’on soit fâché, déçu ou blessé, il est tout à fait raisonnable de choisir tous ces mots, sous peine de créer des monstres qu’il nous sera difficile de contenir par la suite.
Les parents haïtiens, désolé de le ramener au réel, ne semblent pas toujours saisir la gravité de certains mots qu’ils laissent tomber sans aucun souci de contenance. Naturellement, pas tous, mais la majorité des parents en Haïti ont tendance à se loger à cette même enseigne. Est-ce pourquoi nous percevons à tort et à travers ces parents dire du mal de leurs propres enfants, parler d’eux comme des créatures immondes, des pestiférés qu’il faudrait éviter à tout prix. Ce genre de comportement dit beaucoup plus des parents que tout. L’enfant est turbulant, il n’entend pas, n’obéit pas, il ne travaille pas bien à l’école, il est irrespectueux, enfin la liste est si longue, de toutes ces complaintes que nous entendons régulièrement de certains parents haïtiens. Le drame, c’est qu’au lieu d’encourager les enfants à faire mieux et bien se conduire, ces paroles déconcertent et conditionnent l’enfant à être le cancre que les parents décrivent. Pire, certains parents se laissent aller jusqu’à proférer des imprécations à l’endroit de leurs propres enfants.
Combien de fois entendons-nous un parent dire à son enfant qu’il ne sera jamais rien demain, que sa vie ne sera qu’une suite de misère, qu’il ne bouclera pas ses études et ne sera qu’un vulgaire marchand de rue, et là encore, le compte serait long… Ces paroles de malédiction, ces sacrilèges, ces jurements ne feront aucun bien et nullement, ils ne contribueront au développement ou à l’avancement des enfants. Au contraire, ces paroles auront tendance à les attaquer au niveau de leur self-esteem ou amour propre, de quoi les garder prisonniers de ces anathèmes, incapables de produire et trouver l’équilibre de la vie.
Tout ceci pour dire que chaque mot est important. Autant les choisir avec soin.
A sortir prochainement : Le pouvoir de la parole 2
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Patrick G. Volcy