L’année 2024, qui aura été une année noire, s’est achevée avec tous les indicateurs au rouge, notamment en matière de sécurité, du respect des droits humains, de bonne gouvernance et de stabilité politique. Dans son analyse de la situation, l’ancien protecteur du citoyen, Dr Renan Hédouville, estime que nous avons franchi les limites de l’indifférence, de l’indécence et du cynisme. Aussi, il plaide en faveur de l’engagement des citoyens pour changer l’ordre des choses.
Me Hédouville, souligne qu’après plus de trente-deux (32) mois du gouvernement du Dr Ariel Henry, le peuple haïtien s’est retrouvé en avril 2024, encore sous la coupe d’un régime politique, sous le label de Conseil Présidentiel de Transition (CPT), composé de neuf (9) membres (« 9 chefs d’État ») et d’un Premier ministre.
Les contradictions internes aiguës au sein de cette structure bicéphale, ont vite provoqué une bataille acharnée, une « grave crise politique dans la crise politique haïtienne » et cela a conduit à la chute du Premier ministre Garry Conille.
Le docteur Hédouville estime que la situation du pays s’est aggravée durant les sept (7) derniers mois de l’année 2024, notamment sur les plans sécuritaire, socio-économique et diplomatique.
Au niveau de la sécurité, il note qu’en dépit de la présence des membres des Forces Armées d’Haïti (FADH) et des efforts consentis (sans équipements adéquats) par les membres de la Police Nationale d’Haïti (PNH), l’insécurité fait rage dans le pays avec des assassinats, des enlèvements, des viols, des violences sur les femmes et les fillettes.
Les locaux des institutions publiques, des commissariats de police, des églises, des hôpitaux, des cabinets d’avocats, des maisons de commerce, des maisons résidentielles, des facultés (neuf au niveau de l’Université d’État d’Haïti) ont été complètement incendiés ou vandalisés, souligne le défenseur des droits humains.
Il a aussi évoqué la fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture et les évasions au niveau des deux plus grands centres carcéraux du pays, le pénitencier national au Centre-Ville et la prison civile de Croix-des-Bouquets, ce qui a donné lieu à plus de trois mille (3000) prisonniers, dans la nature, pendant que la capitale est quasi contrôlée (90% de la superficie de Port-au-Prince) par les gangs armés affichant, en toute quiétude, leur puissance.
Sur le plan social et économique, Me Hédouville souligne qu’avec la présence des membres du CPT et d’un gouvernement, la pauvreté devient de plus en plus extrême, en raison de la décapitalisation des classes moyennes et d’autres gens à faible revenu qui ont fui leurs maisons face à la terreur des gangs armés, opérant en toute impunité dans une société où la justice est moribonde.
« On assiste au non-respect total des droits économiques, sociaux et culturels, pourtant garantis et protégés par la législation nationale et de nombreux instruments internationaux de protection des droits de l’homme », déplore-t-il.
Sur le plan diplomatique, notre pays qui vient, dans une triste réalité, de commémorer les 221 ans de son indépendance, devient, aux yeux des observateurs, une basse-cour pour de nombreux États ordonnant leurs diktats, sans aucune gêne, et se font parfois complices, s’insurge Hédouville, ajoutant qu’on assisté la fin de l’année 2024 avec un constat d’échec total et une profonde préoccupation.
Au seuil de l’année 2025, le désespoir traverse de nombreux secteurs de la vie nationale et l’inquiétude devient de plus en plus grandissante avec des dirigeants politiques défendant les intérêts de leur clan, dit Hédouville, qui estime qu’il est temps, pour les filles et fils du pays de prendre le destin d’Haïti en main.
Les « pays dits amis » d’Haïti ne viendront pas changer pour nous, et nous ne pourrons pas importer la démocratie, la bonne gouvernance. Pour Me Hédouville, la solution réelle et vraie est l’engagement citoyen si nous voulons arriver à une société démocratique, un État de droit, soucieux du respect, de la protection et de la mise en œuvre des droits humains.
La Rédaction