Il y a six mois qu’une présidence collégiale, incarnée par un Conseil présidentiel de 9 membres dont deux observateurs, a vu le jour. Six mois plus tard, alors que les conditions de vie de la population se sont considérablement détériorées avec une recrudescence accrue de la violence des gangs, le CPT, loin de se donner un satisfécit, estime avoir franchi des étapes « avec une volonté politique affirmée de jeter les bases sûres pour un retour à l’ordonnancement démocratique et constitutionnel », selon son président actuel, Leslie Voltaire.
Si Lesly Voltaire, le représentant de Fanmi Lavalas au CPT, assure depuis le 7 octobre la présidence tournante de cette structure, c’est justement parce que les membres de cette structure, loin de travailler à la création de conditions favorables à l’organisation des élections pour donner au pays des dirigeants légitimes dans moins de 16 mois (le 7 février 2026), sont plus intéressés à défendre leurs intérêts personnels et dans des conditions qui n’ont rien à voir avec le patriotisme avec lequel ils étaient appelés à remplir leur mission.
En effet, Smith Augustin, qui devrait assurer cette charge, est éclaboussé (avec deux autres collègues : Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire) dans un scandale de corruption qui l’a « seulement » écarté de la présidence du CPT.
Venons-en au bilan de Leslie Voltaire au nom de ses pairs.
Nous nous sommes mis au travail rapidement, dit-il, avec pour cadre de référence les lois de la République et les cinq grands chantiers retenus pour la période de Transition.
Il affirme que le CPT a su agir, bien entendu avec des résultats différents, sur les cinq grands chantiers de la Transition, évoquant ce qu’il appelle « les efforts et les manifestations de bonne volonté qui ont surgi de part et d’autre pour accompagner le travail du Conseil Présidentiel de Transition ».
Sur le plan de la gouvernance, Lesly Voltaire fait état de consultations pour la désignation de l’équipe gouvernementale, dans les conditions, bien-sûr, que nous connaissons (NDLR).
Alors que les relations entre le CPT et le gouvernement de Garry Conille semblent être au plus bas, Leslie Voltaire prétend que le collège présidentiel est « toujours en dialogue, en consultation avec le Premier Ministre, les Ministres, tous les secteurs vitaux du pays, tous les partis, particulièrement les signataires de l’Accord du 3 avril, pour ensemble identifier ce qui doit être corrigé, comment les corriger et quand les corriger ».
« Le Conseil Présidentiel de Transition, dans les prérogatives que lui confère l’accord du 3 avril, procèdera bientôt en concertation avec le Gouvernement aux changements nécessaires au sein des organismes autonomes », dit Leslie Voltaire qui peine à obtenir le départ de la ministre des affaires étrangères.
En ce qui concerne le rétablissement de la sécurité, l’un des principaux chantiers de la Transition, il souligne le courage et la bravoure des policiers et des soldats des Forces Armées d’Haïti.
Il reconnaît que son administration est « vraiment loin des objectifs en matière de sécurité », soulignant que les forces de l’ordre font de leur mieux pour traquer ceux qui terrorisent des populations innocentes dans divers points du territoire.
En matière de justice, Leslie Voltaire affirme que le CPT a travaillé sur plusieurs dossiers. Il évoque des commissions données récemment à 84 magistrats pour divers tribunaux du pays et la décision prise par le CPT d’ouvrir 5 nouveaux tribunaux dans des arrondissements qui n’en avaient pas.
Il évoque aussi la mise sur pied de la commission devant travailler sur la réforme du système pénal et de la commission « Vérité, justice et réparation ».
En ce qui concerne les élections, M. Voltaire parle de la mise sur pied du CEP (Conseil Électoral Provisoire) quoiqu’incomplet (avec sept membres sur neuf prévus par la loi).
En matière de transparence, toujours dans la présentation du bilan, il annonce pour bientôt, la mise sur pied de l’organe de Contrôle de la Transition (OCAG) qui, pourtant, devrait être constitué juste après l’installation du CPT.
Leslie Voltaire évoque aussi la rentrée scolaire, dans des conditions difficiles, alors que plusieurs établissements scolaires n’ont pas encore rouvert leurs portes à cause de la violence des gangs.
Un bilan pour le moins négatif, à bien des égards. Mais Leslie Voltaire se veut optimiste, appelant au dépassement et à « transcender à tout moment nos divergences et évaluer ce que nous pouvons faire ensemble pour réussir. Nous n’avons pas le droit à la tergiversation.
Il souligne que si la transition échoue, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. Cependant, du train que ça va, et compte tenu de ce qui reste à faire dans le temps imparti à la transition, cette dernière semble être plus proche de l’échec que de la réussite.
La Rédaction