Le 26 novembre 2024 – Alors que le plan d’expulsion massive des Haïtiens en situation irrégulière se poursuit, le président Luis Abinader a reconnu l’impact significatif de cette politique sur les secteurs de la construction et de l’agriculture. Ces deux piliers de l’économie dominicaine, fortement dépendants de la main-d’œuvre haïtienne, se trouvent en difficulté, poussant le gouvernement à rechercher des solutions conjointes avec le secteur privé.
Vers une « dominicanisation » de la main-d’œuvre
Lors du lancement officiel de la plateforme « Building RD », une initiative de l’Association dominicaine des constructeurs et promoteurs de logements (Acoprovi), visant à former des Dominicains aux métiers de la construction, le président Abinader a déclaré :
« Nous devons marcher ensemble, le gouvernement et le secteur privé, pour dominicaniser la main-d’œuvre dans la construction et l’agriculture, où il y a une situation particulière. »
Une dépendance difficile à surmonter
Les Haïtiens, souvent employés comme ouvriers dans la construction et l’agriculture, jouent un rôle crucial dans l’économie dominicaine :
- Construction : Leur présence est essentielle sur les chantiers, où ils assurent la majorité des tâches manuelles indispensables.
- Agriculture : Dans les zones rurales, ils constituent l’épine dorsale de la production agricole, notamment pour les récoltes de canne à sucre, de riz et de bananes.
Leur contribution permet de maintenir des coûts de production bas et d’assurer la continuité des activités, souvent dans des conditions de travail que la population dominicaine rechigne à accepter. Plus de 76 % des migrants haïtiens en République dominicaine travaillent dans ce secteur, selon les données de 2017 de l’Enquête Nationale des Immigrants (ENI-2017)
Un dilemme persistant
Le gouvernement dominicain est confronté à un dilemme : réduire la dépendance à la main-d’œuvre haïtienne tout en maintenant la productivité économique. En ciblant les Haïtiens, il risque d’exacerber les tensions sociales et de fragiliser des secteurs déjà sous pression. Les Dominicains, en général, n’acceptent pas non plus de faire ces types de travaux en dehors du salaire misérable que les Haïtiens touchent dans ces secteurs.
La République dominicaine a expulsé 55 723 Haïtiens en situation migratoire irrégulière depuis le 1er octobre, mois au cours duquel le processus de rapatriement massif a commencé, jusqu’au 15 novembre, a indiqué le mardi 19 novembre la Direction générale des migrations (DGM). L’Etat Dominicain n’est pas encore déterminé à régulariser le statut des migrants haïtiens sur ce territoire. Au contraire, chaque lundi, à la rencontre avec La Presse, le président Luis Abinader sort une idée ou un projet pour renforcer davantage les fossés entre les deux peuples d’une même île.
La carte de travail devient de plus en plus difficile à être renouvelée, même pour ceux qui travaillent dans un secteur depuis plusieurs années et dont les taxes sont prélevées sur le salaire.
La rédaction