Alors que l’investiture de Nicolas Maduro, prévue pour le 10 janvier, divise la communauté internationale, Leslie Voltaire, président du Conseil Presidentiel de Transition (CPT) en Haïti, se retrouve dans une position éminemment délicate où un dilemme de feus croisés. Après avoir participé à une conférence de l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) en compagnie de Nicolas Maduro où il s’est montré impétueux avec un vernis de nationalisme, Voltaire semble aujourd’hui hésitant sur la direction à prendre dans le dossier vénézuélien des dernières élections.
Lors de la conférence de l’ALBA, tenue le 28 novembre 2024, Leslie Voltaire avait demandé publiquement un soutien économique et énergétique au Venezuela. Il avait également annoncé que Haïti avait remboursé la totalité de sa dette PetroCaribe, un geste destiné à renforcer les liens avec Caracas.
Cependant, ce remboursement s’est avéré très controversé. Ariel Henry, alors Premier ministre d’Haïti, avait été accusé d’avoir payé, contre ristourne personnelle, une dette PetroCaribe alors que le Venezuela était sous sanctions américaines, facilitant indirectement l’accès de Maduro à des ressources financières cruciales pour sa campagne électorale. Cette décision, non encore élucidée, avait provoqué un tollé au sein de la communauté nationale et internationale. Ariel Henry, écorché vif, avait été techniquement évincé peu après et est encore retenu aux Etats-Unis.
Les déclarations de Voltaire à l’ALBA n’ont pas été bien reçues par les partenaires traditionnels d’Haïti. Les grandes puissances alliées d’Haïti, comme les États-Unis, le Canada et la France, ont dénoncé la réélection de Maduro comme frauduleuse. Ces pays refusent de reconnaître sa victoire et pressent les gouvernements de la région à se distancer du régime vénézuélien.
En parallèle, Voltaire avait également participé au conseil des ministres élargi avec la Colombie le 15 décembre 2024, où il avait renforcé les liens avec un allié sûr de Maduro, le président Gustavo Petro attendu d’ailleurs en Haïti au cours de ce mois de janvier 2025. Cette visite avait irrité Washington, qui considère tout rapprochement avec les régimes de gauche d’Amérique latine comme un défi à sa politique régionale.
Face à cette situation tendue, Leslie Voltaire doit faire des choix stratégiques :
1. Refusera-t-il une invitation à l’investiture de Maduro ?
2. Participera-t-il à de futurs échanges avec le Venezuela ?
3. Peut-il maintenir une ligne cohérente ?
4. Osera t’il proposer à Maduro ou répondra t’il favorablement à une requête de ce dernier à l’organisation d’un Conseil des ministres jumelé?
La présence en République dominicaine d’Edmundo Gonzalez Urrutia, figure de l’opposition vénézuélienne, complique encore la situation. De plus, les relations entre Haïti et la République dominicaine, déjà au plus bas, risquent de se détériorer davantage si Haïti poursuit son rapprochement avec le Venezuela, perçu comme un allié controversé dans la région.
Les observateurs s’accordent à dire que Leslie Voltaire risque de rester dans l’histoire comme celui qui a « fait un pas en avant et deux pas en arrière » dans le dossier vénézuélien. Son rapprochement avec l’ALBA, le rappel du remboursement de la dette PetroCaribe, ses critiques ouvertes même justifiées contre la France dans le cadre de la dette de l’indépendance, son silence sur la démission du Premier Ministre Canadien Justin Trudeau, donnent l’image d’un dirigeant prêt à prendre des risques, mais dont les démarches manquent de cohérence politique.
Voltaire fera-t-il preuve d’incohérence en refusant de s’engager dans des démarches trop risquées avec Caracas ? Ou participera-t-il à renforcer les liens avec le Venezuela au risque de détériorer ses relations avec les partenaires occidentaux et laisser la patate chaude à son successeur désigné Fritz À.Jean ?
L’avenir le dira, mais pour l’instant, beaucoup craignent qu’il ne devienne le leader qui aura soufflé à la fois le chaud et le froid en donnant à Lavalas la caractéristique: « un pas en avant et deux pas en arrière ».
La rédaction