Le Président du Conseil de Transition (CPT), Leslie Voltaire, s’apprête à quitter Haïti cette semaine pour une tournée en Europe, où il rencontrera notamment le Pape François au Vatican et le Président Emmanuel Macron en France, selon des sources proches de la présidence. Alors que le pays fait face à une crise multidimensionnelle, cette tournée suscite des interrogations sur son opportunité, ses objectifs et son impact réel pour la population haïtienne.
Quels objectifs pour cette tournée ?
D’après les informations disponibles, cette visite aurait pour but de renforcer les relations diplomatiques d’Haïti et de solliciter un soutien international. Une rencontre avec le Pape François pourrait, en théorie, apporter un appui moral, spirituel ou logistique à Haïti, notamment sur le plan humanitaire.
En France, un entretien avec le Président Emmanuel Macron pourrait aborder les questions de coopération bilatérale et de soutien économique. Toutefois, la complexité historique des relations franco-haïtiennes et l’absence de reconnaissance publique des torts passés de la France envers Haïti rendent ce dialogue symbolique et potentiellement inefficace.
Un coût controversé
La tournée du Président Voltaire soulève également des questions sur le coût de ce déplacement. Entre l’utilisation d’un hélicoptère pour se rendre au Cap Haïtien et les billets d’avions, les frais de mission et les salaires du personnel accompagnant, ces voyages représentent un budget conséquent. Une tournée en Europe. Quel est le budget de ce voyage inopportun en pleine crise économique, où la majorité des Haïtiens peinent à survivre ? Quelles sont leurs retombées positives pour le pays ?
Un mauvais timing ?
Cette tournée intervient dans un contexte où Haïti traverse une crise sans précédent : insécurité galopante, effondrement économique et crise humanitaire. Pendant ce temps, sur la scène internationale, des changements majeurs se produisent, notamment avec Donald Trump, fraîchement investi à la présidence américaine, annonçant le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Accord de Paris sur le climat. Ces décisions risquent de redéfinir les priorités diplomatiques mondiales, et Haïti pourrait être relégué au second plan.
Alors, pourquoi choisir ce moment pour un tel déplacement ?
Une perception publique négative
Pour de nombreux citoyens, ce type de voyage ressemble davantage à une « tournée de per diem » qu’à une mission stratégique. L’image d’un président voyageant dans des conditions luxueuses, pendant que la majorité de la population lutte pour survivre, risque d’aggraver la méfiance envers les dirigeants.
Rencontrer le Pape et Macron : Quel impact ?
Le Pape François a souvent critiqué les dirigeants qui ne servent pas leur peuple de manière adéquate. Quant à Emmanuel Macron, il a traité dernièrement les dirigeants du pays de “cons”.
Conclusion : Un luxe ou une nécessité ?
Pour que cette tournée ait un impact positif, il est impératif que le gouvernement communique de manière transparente sur ses objectifs, ses coûts et ses résultats. Sans retombées visibles pour la population, ce voyage risque d’être perçu comme un luxe inutile, révélant une déconnexion inquiétante entre les priorités du gouvernement et les besoins urgents de la nation.