Port-au-Prince, le 10 mars 2025 – Le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) rappelle, dans une note publiée sur son compte X que, désormais, les établissements hôteliers et similaires ont l’obligation de transmettre sous 24 heures les informations des étrangers séjournant chez eux. Cette mesure vise, selon le ministère, à renforcer la sécurité et le contrôle du territoire.
Les établissements concernés doivent collecter et transmettre des données précises, notamment le nom, la nationalité, le numéro de passeport et la durée du séjour des étrangers. Cette obligation sera surveillée par la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE), qui effectuera des inspections périodiques. Toute infraction à cette directive sera sanctionnée conformément à la loi. Un rappel important qui suscite des questions dans le contexte actuel.
Le ministère et sa mission
Selon la loi, le MICT a pour mission d’assurer la sécurité intérieure, de superviser les collectivités territoriales et de veiller à l’application des lois sur l’immigration. Pourtant, il est resté silencieux sur les milliers d’Haïtiens et d’étrangers expulsés par la République Dominicaine, les États-Unis et d’autres pays de la région, laissant uniquement le soin à l’ONM de donner entre 5000 à 10,000 gourdes à certains déportés comme initiative de réinsertion. Sans compter les collectivités qui se métamorphosent sous la pression des gangs. Combien de déplacés, l’Etat Haïtien a répertoriés lui-même en dehors des chiffres grimpants publiés dès en moins de 24 heures par les organismes secteurs locaux ou étrangers.
Combien de tentes, d’abris provisoires ? Plusieurs villes du pays sont sous le contrôle des gangs. Bizarrement, au lieu d’un leadership à la dimension de ce qui se passe aujourd’hui, un rappel sur le contrôle des étrangers tombe, quoi que l’initiative reste importante.
Par ailleurs, le pays est en proie à une insécurité galopante, avec des gangs qui imposent leur loi sur de vastes territoires. Alors que le ministère dispose de prérogatives lui permettant d’assurer la coordination de la sécurité intérieure, aucune mesure tangible n’a été prise pour endiguer cette crise. Les collectivités territoriales, qui devraient être sous sa supervision, se retrouvent livrées à elles-mêmes face à l’absence de l’État.
La publication de cette directive, uniquement sur la page Facebook du ministère, soulève également des interrogations sur la transparence et la communication de cette administration. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette soudaine volonté de contrôler les étrangers alors que des milliers de citoyens sont abandonnés à leur sort ? A-t-on été informé que des étrangers facilitent les bandits ? Pourquoi maintenant ce communiqué ?
Alors que le pays s’enfonce dans l’instabilité, cette initiative tardive semble davantage répondre à une volonté d’affichage qu’à une réelle politique de contrôle migratoire. Le ministère, censé coordonner et protéger, peine à assumer pleinement ses responsabilités.
Le ministre Paul Antoine Bien-Aimé, né le 17 août 1945 aux Gonaïves, aura 80 ans accomplis en août prochain. Les défis liés à l’insécurité sont élevés et complexes. Reste à voir si la décision de contrôler les étrangers aura un impact sur l’insécurité.
La rédaction