Port-au-Prince, 17 mars 2025 – Quatre véhicules de Médecins Sans Frontières (MSF) ont essuyé des tirs alors qu’ils évacuaient le personnel du centre d’urgence de Turgeau à Port-au-Prince. Cette attaque délibérée a causé des blessures légères parmi le personnel médical, déclenchant une vive condamnation de l’organisation humanitaire.
L’évacuation avait été décidée par mesure de précaution, après que de violents combats de rue se soient rapprochés du centre médical, forçant la suspension des activités le 15 mars. MSF souligne que le convoi était clairement identifié et que son déplacement avait été coordonné avec les autorités.
« Cette attaque est un rappel brutal que personne n’est à l’abri des violences qui opposent les groupes armés aux forces de l’ordre », a déclaré Benoît Vasseur, chef de mission de MSF en Haïti. « Malgré nos précautions, nous avons été pris pour cible, ce qui est inacceptable. Nous appelons toutes les parties au respect absolu du personnel médical, des structures de soins et des patients. »
Un climat sécuritaire de plus en plus instable
Depuis la fin du mois de février, la situation sécuritaire à Turgeau s’est considérablement dégradée, poursuit MSF dans son communiqué. L’organisation rapporte que le 12 mars, son centre d’urgence a accueilli 27 victimes de violences, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Dans la nuit du 14 au 15 mars, l’intensification des affrontements a poussé des groupes armés à s’approcher dangereusement de l’hôpital, menaçant d’en faire un véritable champ de bataille.
Face à cette escalade, MSF a pris la décision difficile de suspendre ses activités au centre d’urgence de Turgeau, une fermeture temporaire dictée par la nécessité de protéger son personnel et ses patients.
« À l’heure actuelle, il est impossible de poursuivre nos opérations dans l’hôpital », précise Benoît Vasseur. « Nous restons cependant engagés à rouvrir notre établissement dès que les conditions de sécurité nous le permettront. »
Des soins d’urgence interrompus, un impact humanitaire inquiétant
Avant la suspension des activités, tous les patients ont pu être transférés vers d’autres structures médicales, lit-on dans le communiqué. Entre le 24 février et le 2 mars, 314 patients avaient été pris en charge au centre d’urgence de Turgeau. Rien qu’en février 2025, les équipes MSF avaient effectué plus de 2 500 consultations médicales et 400 séances de physiothérapie.
C’est la deuxième fois en moins de quatre mois que MSF est contrainte de suspendre ses opérations en Haïti.
Le 22 novembre 2024, l’organisation avait déjà interrompu ses activités à Port-au-Prince après une série d’attaques et de menaces contre son personnel médical. Après plusieurs mois de négociations avec les autorités et des garanties sur la protection de sa mission humanitaire, MSF avait rouvert partiellement le centre de Turgeau le 20 janvier 2025.