Port-au-Prince, 10 avril 2025 — Trois jours après la publication du dernier rapport du BINUH sur la situation sécuritaire en Haïti, Magalie Habitant, l’ancien député Prophane Victor et l’ex-directeur du CAS, Elionor Devallon, se sont présentés au parquet de Port-au-Prince pour être auditionnés. Ces anciens responsables étatiques avaient été arrêtés par la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), pour des suspicions d’implication dans des activités liées à la violence armée.
Selon les autorités, l’arrestation de ces trois personnalités s’inscrit dans une série d’opérations menées dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. Plusieurs personnes qui se trouvaient au domicile de l’ancien parlementaire lors de l’opération policière ont également été interpellées et présentées devant le parquet.
Prophane Victor, ex-député de Petite-Rivière de l’Artibonite, a été fréquemment cité dans des rumeurs au niveau local concernant des activités jugées suspectes. Magalie Habitant, pour sa part, est connue pour ses liens avec plusieurs figures de l’appareil politique. Quant à Elionor Devallon, originaire de Martissant, il avait été nommé à la tête du CAS, une institution publique impliquée dans l’apaisement social dans les quartiers populaires.
Mais ce qui choque aujourd’hui, au-delà des noms, c’est la différence flagrante dans l’application de la loi. Chez Victor Prophane, tous les individus présents lors d’une activité ont été arrêtés. Une démonstration de force, une certaine efficacité et volonté.
Et pourtant, dans la nuit du 7 juillet 2021, dans la résidence présidentielle, sécurisée par la Police nationale, le président Jovenel Moïse est assassiné. Le président est resté au sol jusqu’aux environs de 4h de l’après-midi, sans qu’aucun membre de son personnel de maison et proches présents sur les lieux ce soir-là ne soit immédiatement interpellé, sans compter certains agents de sécurité qui devaient assurer aussi sa garde, si on croit les rapports officiels et déclarations de Dimitri Hérard, l’Ex-chef de l’USGPN, actuellement en cavale. Pas un témoin direct n’a été arrêté sur place. Ce contraste continue de hanter la conscience nationale.
Ce traitement différencié des affaires invite aux questionnements. La justice haïtienne va t’elle mener en toute rigueur le dossier de ces trois anciens hauts fonctionnaires ?
La rédaction