En Haïti, bien qu’aucune définition officielle des microentreprises ne soit universellement adoptée, la grande majorité d’entre elles est considérée comme faisant partie du secteur informel. Déjà en 1998, ce secteur représentait près de 90 % de la population active (Lumarque, 1998). En 2023, cette proportion avoisinait encore plus de 70 % (Bernardin, 2023), confirmant la domination écrasante de l’informalité dans le paysage économique haïtien lit-on dans un rapport de la Banque de la République d’Haïti.
Le secteur privé haïtien est majoritairement informel : plus de 90 % de la main-d’œuvre y exerce un emploi en dehors de tout encadrement réglementaire. Selon une publication de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en mai 1999, 85 % des emplois non agricoles relevaient déjà du secteur informel.
En mars 2008, l’Association Professionnelle des Banques (APB) définissait les Petites et Moyennes Entreprises (PME) en Haïti comme toute structure comptant entre 10 et 100 employés, avec un chiffre d’affaires annuel entre 5 et 50 millions de gourdes, et des actifs ne dépassant pas 50 millions de gourdes.
Vers une définition plus adaptée aux réalités haïtiennes
Au regard du poids du secteur informel dans l’économie, il est pertinent d’adopter une typologie tenant compte de trois critères fondamentaux :
- L’effectif (nombre d’employés),
- Le chiffre d’affaires annuel,
- La valeur des actifs.
Définitions proposées :
- Microentreprise : formelle ou informelle, employant jusqu’à 5 personnes, avec un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 2,5 millions de gourdes.
- Petite entreprise : formelle ou informelle, employant de 6 à 20 personnes, avec un chiffre d’affaires entre 2,5 et 20 millions de gourdes.
- Moyenne entreprise : formelle, employant de 21 à 100 personnes, avec un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions de gourdes.
Chiffres clés des MPME en Haïti
- Environ 660 000 entreprises recensées dans le secteur.
- Ces entreprises emploient plus de 1,1 million de personnes.
- Leur contribution au PIB est estimée à 485 milliards de gourdes.
- Les départements les plus actifs sont :
- Artibonite : 23 %
- Ouest : 21 %
- 67 % des entreprises sont dirigées par des femmes.
- 35 % sont détenues par des jeunes (15–35 ans).
Défis structurels du secteur
- Informalité : seulement 11 % des MPME sont enregistrées officiellement.
- Les entreprises informelles sont exclues des services publics et des financements structurés.
- COVID-19 : 60 % des MPME ont subi des pertes financières.
- Crise sociopolitique : 53 % ont été affectées par les troubles civils.
- 97 % des MPME dépendent d’une clientèle de passage, les rendant vulnérables à tout changement de contexte.
- Faible adoption des outils numériques.
Inclusion financière : des lacunes persistantes
- 14 % des MPME disposent d’un compte bancaire.
- 15 % sont desservies par des institutions financières non bancaires.
- 58 % utilisent des mécanismes de financement informels.
- 30 % sont totalement exclues du système financier.
- 99 % fonctionnent exclusivement en argent liquide.
- Parmi elles, 89 % réalisent entre 0 à 10 % de leurs transactions via les banques.
- L’assurance est quasiment absente : seulement 3 % des MPME sont couvertes.
- Crédit informel : disponible pour 13 % des MPME.
- Épargne informelle : utilisée par 55 %.
Enfin, 95 % des comptes bancaires utilisés par les entrepreneurs sont ouverts à leur nom personnel, soulignant la non-différenciation entre finances personnelles et professionnelles.
Avec BRH