Alors que la violence explose à Port-au-Prince et que plusieurs zones échappent au contrôle de l’État, les États-Unis envisagent de classer les gangs haïtiens comme organisations terroristes étrangères. Cette mesure, si elle est officialisée, changerait radicalement la réponse internationale à la crise haïtienne.
Les groupes Viv Ansanm et Gran Grif seraient les premières cibles. Leurs chefs pourraient être transférés au CECOT, la prison de haute sécurité au Salvador, qui accueille déjà des membres des MS-13 et de Tren de Aragua, également classés comme terroristes.
Mais cette option soulève des questions de droit : Haïti a-t-elle un accord d’extradition avec le Salvador ? Et si non, les États-Unis peuvent-ils intervenir directement via d’autres accords ? Le ministère de la Justice haïtien devra trancher.
Cette désignation permettrait aussi à la justice américaine de poursuivre toute personne liée aux gangs – trafiquants, financiers, ou fonctionnaires complices – comme terroristes, exposés à de lourdes peines et sanctions. Mais, elle comporte aussi le risque d’englober des innocents contraints à coopérer avec les gangs simplement pour survivre.
« Les facilitateurs de gangs, où qu’ils soient, devront désormais faire face aux conséquences pénales de leur soutien au terrorisme », affirme un responsable américain.
Le mot “terrorisme” porte une charge symbolique et juridique immense. Une telle accusation pourrait entraîner :
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Des sanctions internationales : gel d’avoirs, restrictions bancaires, embargos sur les armes ;
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Un isolement diplomatique : exclusion d’organisations multilatérales ;
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Des poursuites devant la CPI pour les complices identifiés au sein de l’État ;
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Et potentiellement, des opérations militaires ciblées.
L’Union européenne, l’ONU, et le Département d’État américain disposent tous de listes noires. Y figurer, même indirectement, pourrait précipiter Haïti dans une marginalisation irréversible.
Le Salvador, partenaire dans la mission multinationale de sécurité, jouerait un rôle-clé dans cette stratégie.
Face à ces enjeux, le silence des autorités haïtiennes n’est plus une option. L’histoire jugera ceux qui auront su agir… ou se seront dérobés.
Le ministre de la Justice, Patrick Pélissier, devra sortir de l’ombre, et son homologue des Affaires étrangères Harvel Jean Baptiste doit cesser les voyages à per diem sans impact réel.
Il est temps pour eux d’agir concrètement, d’assumer leurs responsabilités diplomatiques et juridiques afin de préserver ce qui peut encore l’être et d’atténuer les conséquences potentiellement désastreuses qu’une désignation terroriste d’un groupe pourrait avoir sur l’ensemble du pays.
La rédaction