Telle une ministre fatiguée avec sa charge, Emmelie Prophète continue à faire en toute spontanéité, des déclarations qui fâchent ou qui invitent aux questionnements. La ministre de la Culture et de la Communication, également ministre de la Justice et de la sécurité par intérim porte davantage ces jours-ci son costume de citoyens délaissés par l’État que ses vêtements de femme d’État.
Comme le commun des Haïtiens, Emmelie Prophète, se plaint de la prolifération des gangs armés et invite aussi la population à faire résistance et à se protéger elle-même. Conseil judicieux ou irresponsabilité ?
Emmelie Prophète, l’une des rares femmes connues du gouvernement Ariel Henry, a été dès les premiers moments de sa prise de fonction une figure choyée par la communauté nationale et internationale. On pouvait voir clairement qu’elle était appréciée par les émissaires américains et caribéens, et qu’elle ne craignait nullement de faire certaines déclarations fleuves. Des déclarations jugées osées à l’endroit du Canada dans cette affaire de sanctions contre les élites politiques et économiques du pays et aussi quand elle a décidé de dénoncer la compagnie canadienne InKas qui tardait à livrer les véhicules blindés commandés par l’État haïtien pour les besoins de la Police Nationale d’Haïti.
La ministre semblait lors avoir un appui solide, ou comme dit l’expression créole « bwa dèyè bannann li ». Ariel Henry ne s’en séparait pas non plus. Elle était toujours présente dans tous les évènements ou voyages officiels.
Mais, après le tohu bohu provoqué par sa dernière affirmation sur « les territoires perdues » comme Martissant, Emmelie Prophète a fait un silence de mort. Elle évite la presse et les interviews. Mais en plein cœur du tumulte et d’opérations de la justice populaire Bwakale, elle rappelle aux citoyens leur devoir de résistance conformément à la constitution. Le 22 Août 2023 malgré la présence de la mission d’évaluation en Haïti, elle rappelle : “le MJSP rappelle à la population qu’elle a un devoir de résistance, que la dénonciation de criminels relève du devoir civique comme le précise l’article 52-1 de la constitution de la République en vigueur concernant les obligations du citoyen vis-à-vis de l’État et de la Patrie“. Mais pourquoi une telle insistance ?
La ministre passe à nouveau pour une irresponsable, pour une femme incapable de faire le « job », pour celle qui invite même à une guerre civile par ces incessants rappels. Emmelie, participant dans les plus grands débats sur l’avenir d’Haïti, envoie-t-elle un message sincère ou une alerte qui échappe aux citoyens ? s’agit-il réellement d’irresponsabilité ? est-elle en position de faire passer ces idées sur les tables de négociations et de décisions ?
Emmelie ne cherche plus la sympathie au niveau international, semble-t-il. Elle décide de faire cavalier seul, comme lors de l’affaire de la certification des juges. Dans une entrevue donnée au média étranger « le point.fr », elle rappelle que les armes utilisées par les gangs armés viennent des États-Unis et envahissent le marché caribéen. Le sujet est récurrent dans les réunions de la Communauté caribéenne (Caricom). L’ONUDC a publié un rapport là-dessus.
Elle informe aussi que les programmes de migration du gouvernement américain avec Biden ont provoqué aussi une décente aux enfers au niveau des administrations publique et privées et particulièrement au niveau de la PNH. La Télévision Nationale d’Haïti a déjà perdu quinze pour cent (15%) de son personnel dit-elle.
Le gouvernement fait beaucoup d’efforts notamment au niveau de la douane de Port-au-Prince pour contrôler l’arrivée d’armes et de munitions sur le territoire, a-t-elle déclaré. Mais, des efforts qui ne suffisent pas, car les gangs ne sont jamais à court de munitions et conquièrent chaque jour de nouveaux territoires. Le nom du PM Henry et plusieurs membres de son gouvernement sont aussi cités pour leurs rapports avec les gangs armés qui terrorisent la population. Quelle suite a été donnée à cette affaire de l’Eglise Episcopale d’Haïti impliquée dans l’approvisionnent en armes et munitions ?
La question qu’on se pose aujourd’hui est la suivante : Pourquoi Emmelie Prophète, l’écrivaine qui dénonçait en 2014 et 2021 les zones de non-droits et les gangs qui infestaient déjà le pays, a t’elle pris le poste de Ministre de la Justice en sus du ministère de la culture dont elle était déjà le titulaire?
Combien de bandits, combien de kidnappeurs ont été jugés et condamnés ? Combien de chefs de gangs sont réellement poursuivis ?
A part se plaindre comme tout le monde, la ministre de la Justice n’a montré jusqu’à date aucune velléité de combattre l’impunité et les bandits armés. Emmelie Prophète est tout simplement aujourd’hui à l’image du gouvernement de Ariel Henry. Un gouvernement incapable de rétablir la paix et la sécurité. Un gouvernement qui a échoué et qui mène les haïtiens aux enfers.
La rédaction
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