Depuis le 15 Septembre, le président dominicain Luis Abinader a fermé ses frontières et lancé un ultimatum au gouvernement haïtien dans la crise du canal sur la rivière massacre.
Une construction qui est dénoncée du fait que le gouvernement haïtien ait nié toute responsabilité en ce qui a trait aux initiatives relatives à la reprise des travaux. Couardise ou irresponsabilité?
En effet, est ce qu’un gouvernement peut signifier à un autre son indifférence coupable prétextant qu’il n’est pas au courant de ce qui se fait chez lui?
Cette affirmation, pour vraie qu’elle puisse être, symbolise le manque de Leadership et la volonté réelle du premier ministre Ariel Henry à se déresponsabiliser de sa charge de dirigeant et sa mission de mener la barque nationale face à l’arrogance de dirigeant étranger.
« Haïti n’est pas gouvernée » une exclamation qui a coûté la vie à un Avocat de belle eau, le Bâtonnier Monferrier Dorval, sous le règne du tristement célèbre président Jovenel Moïse.
Abinader, en pleine campagne électorale et en préparation de son intervention à la 78ème Assemblée Générale des Nations Unies, avait décidé d’envoyer un message fort à ses concitoyens, aux haïtiens et au monde entier.
Là, il a bien gagné en visibilité même si son attitude belliqueuse a dû être réprimée diplomatiquement par plusieurs pays. Il a démontré de manière évidente que lui, il est en contrôle des moindres parcelles du terroir de son pays et assume la responsabilité de sauvegarder les intérêts dominicains et de sa Souveraineté Nationale.
Il a fallu qu’Abinader décide de mettre en œuvre ses mesures contre Haïti pour réveiller un dernier souffle d’ardeur nationaliste chez le trop silencieux gouvernement.
Alors, d’un projet qu’il se prétendait ignorer, malgré la réaction unanime de la population, le ministère de la communication s’est senti obligé de publier une note pour rappeler les droits inaliénables des haïtiens sur la rivière massacre.
Cette situation muée en incident politico-diplomatique des recèles du pain béni pour ce gouvernement invertébré et pusillanime mais surtout en panne de popularité.
En dehors des mesures excessives, inamicales et grotesques du président Luís Abinader, il est, pour le moins, important que l’Etat Haïtien prenne ses responsabilités et assume pleinement et dignement son rôle dans ce dossier.
Un aréopage de techniciens doit être mis en place et publiquement présenté à la nation. Les coordonnées techniques doivent déterminer les tenants et aboutissants du canal sans négliger la présentation du plan global de développement lié à l’exploitation appropriée du Canal.
Cela résulte de la vision d’un État stratège soucieux du bien-être de ses ressortissants, un déficit que traîne notre cher Premier Ministre en quête active de pérennité indue.
On vient d’assister à une grande manifestation de solidarité du peuple haïtien autour du Canal, le Lambi du rassemblement a encore sonné. Le Canal a réveillé le secteur industriel et la classe des affaires. Le Canal nous a donné d’observer un grand show médiatique et même servi de tremplin politique pour certains. Le Canal a réveillé notre conscience collective traduite dans le refrain « Vle pa vle Kanal la pap Kanpe ».
Le Président Abinader de son côté décide aussi d’avancer en relançant en aval des travaux du Canal Vigia et du barrage Don Miguel. Ce qui réduira considérablement le débit de l’eau dans le canal haïtien. Haïti aura peut-être à la fin de ses travaux un canal sec ou sans un débit d’eau suffisant.
Mais le gouvernement laisse la frénésie du Canal se poursuivre, une distraction qui lui permet de continuer ses affaires politiques.
Qui parle réellement pour le peuple haïtien. Dans son discours à l’ONU, le discours d’Ariel Henry était applaudi par les haïtiens présents dans la salle. Un discours rédigé pour la consommation des anti dominicains et les “pro-canal”.
Mais comment a-t-il structuré le véritable Dialogue consensuel ? Il faut réellement se demander quelle emprise a le gouvernement haïtien dans cette construction.
Ariel a-t-il la capacité de demander à la population d’arrêter les travaux même pour 2 jours, le temps des négociations?
Le service intelligence dominicain sait qu’Ariel n’a aucune autorité sur ce qui se fait actuellement. Demander l’arrêt des travaux pendant le dialogue est une utopie.
La Fièvre du Canal continue à la manière haïtienne, mais le gouvernement a l’obligation de soumettre à tous les projets. Est ce que le Canal est dans le décret de budget 2023-2024 ?
Comment l’Etat contrôle-t-il les fonds qui sont versés dans ce projet?
Est ce que certains n’en profitent pas pour faire du blanchiment?
La République Dominicaine ayant fermé ses frontières, quel support l’Etat haïtien réclame-t-il pour les ressortissants bloqués en République Dominicaine et dont leur visa ont atteint leur maturité pendant la période?
Les dominicains devraient-ils continuer les déportations dans ces conditions?
Quelles sont les organisations de la société civile qui sont en mesure de défendre les haïtiens qui sont en République Dominicaine? Quel est le rôle de l’ambassade d’Haïti en République Dominicaine à l’heure actuelle ?
D’un certain point de vue, on risque de se demander si Abinader n’a pas raison de dénoncer le manque de leadership et de volonté du gouvernement haïtien pour rétablir l’ordre dans le pays.
La Rédaction