- Contexte Sécurité
- Depuis l’adoption de la résolution 2653 (2022), la sécurité s’est encore détériorée en Haïti, principalement dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, où l’on constate une augmentation de la violence armée et du contrôle exercé par les gangs sur de nouveaux territoires. Aujourd’hui, ces gangs exercent leur contrôle et leur influence sur 80 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince (voir par. 45 à 50).
- Les gangs sont de plus en plus forts, riches, armés et autonomes. Ces trois dernières années, ils ont diversifié encore davantage leurs sources de revenus, notamment en multipliant les enlèvements (voir sect. III.A.3). De plus, ils ont acheté de nombreux fusils semi-automatiques, rendant ainsi leurs arsenaux plus sophistiqués et plus meurtriers et acquérant une puissance de feu supérieure à celle de la police (voir par. 45 à 50).
- Les niveaux de violence et de cruauté auxquels les gangs sont prêts à se laisser aller quand ils commettent des violations des droits humains sont sans précédent (voir sect. III.C). Cette violence et cette insécurité ne compromettent pas seulement la transition politique, elles anéantissent l’économie nationale (voir par. 42 à 44 plus
et menacent l’avenir du pays, car nombre d’enfants ne vont pas à l’école et nombre de personnes qualifiées quittent le pays. L’insécurité, le vide institutionnel et la faiblesse des contrôles aux frontières offrent aux criminels, notamment aux réseaux de criminalité transnationale, une occasion en or de développer leurs activités (voir sect. III.B).
- Le sentiment général d’impunité, la faiblesse du système judiciaire et la capacité de riposte limitée de la police ont entraîné une prolifération des groupes d’autodéfense, suscitant de réelles inquiétudes. Les groupes d’autodéfense, qui se rendent coupables des violations des droits humains et se transforment souvent eux- mêmes en gangs, ne font qu’ajouter des acteurs armés à une situation déjà complexe (voir par. 56 à 60)3. Depuis avril 2023, un mouvement de justice populaire, appelé Bwa Kale4, s’est répandu dans tout le pays et des centaines de membres de gangs présumés et des personnes associées par erreur à des gangs ont été exécutés de manière horrible (voir annexe 15). Certains gangs s’en prennent à la population, en représailles.
- La plupart des interlocuteurs du Groupe d’experts se disent vivement inquiets de la détérioration de la situation dans le pays, face à laquelle le Gouvernement est impuissant, et plaident en faveur d’une force internationale spécialisée qui aiderait la police dans la lutte contre la violence des gangs.
- Forces de l’ordre
- La Police nationale d’Haïti est la seule autorité de police en Haïti et l’une des dernières institutions opérationnelles dans le pays.