Entre sextoys interactifs et compagnons virtuels, les intelligences artificielles génératives sont désormais utilisées par l’industrie pornographique. Mais quels sont les enjeux éthiques et psychologiques de ces nouvelles technologies?
L’industrie pornographique a toujours été à la pointe des innovations technologiques, explorant constamment de nouvelles façons de stimuler le désir humain. Dernièrement, les intelligences artificielles (IA) génératives, comme ChatGPT, se sont frayées un chemin dans ce domaine et sont utilisées pour créer des scénarios érotiques personnalisés et interactifs, défiant ainsi notre conception de l’intimité et posant des questions éthiques complexes.
L’une des récentes innovations marquantes concerne l’intégration d’une IA générative à un sextoy. Le fonctionnement est simple: l’utilisateur ou l’utilisatrice exprime son fantasme à l’IA, qui à son tour crée un scénario érotique sophistiqué. Le sextoy vibre en réponse aux différents moments intenses du scénario. Il s’agit d’un prototype en anglais et le dispositif est ouvert au public.
Cependant, cette technologie ne se limite pas à l’intégration avec des sextoys. D’autres innovations notables ont vu le jour. Les “sex-bots” sont des compagnons virtuels capables de développer des interactions émotionnelles et sexuelles avec leurs utilisateurs. Vu la qualité des réponses de ces IA, vous pouvez facilement oublier que vous parlez avec une machine.
IA, sexe et éthique
Il est important de noter que certaines de ces IA, comme ChatGPT ou Bard de Google, ont des barrières de protection strictes empêchant leur utilisation à des fins sexuelles. D’autres IA, comme Llama de Meta, dont le code est open-source, ont vu ces barrières être supprimées par des développeurs indépendants, ouvrant la voie à des discussions autour de fantasmes potentiellement violents ou illégaux.
Les conséquences éthiques de ces développements sont préoccupantes. Pour le philosophe Thierry Hoquet, expert en sexualité et robotique, l’insensibilité d’une IA ne justifie pas une utilisation sans limites. Nos interactions avec l’IA, même si elles sont privées, pourraient entraîner des répercussions dans le monde réel.
Peut-on vraiment créer un monde de désirs entièrement privé, opaque, un univers solitaire où toutes sortes d’expressions, y compris les plus violentes, sont permises?Thierry Hoquet, philosophe
Et de s’expliquer: “Dans quelle mesure est-il possible de vivre dans plusieurs réalités superposées? Peut-on vraiment créer un monde de désirs entièrement privé, opaque, un univers solitaire où toutes sortes d’expressions, y compris les plus violentes, sont permises? Si c’est le cas, comment pouvons-nous espérer que ces expressions restent confinées à ce monde privé sans transparaître dans notre vie consciente et quotidienne?”