Pour les 16 ans de ma fille, elle voulait que je lui offre un iPhone X. Nous en avons discuté et j’ai fini par lui faire comprendre qu’il n’était pas nécessaire de posséder un smartphone aussi avancé, alors qu’elle fut encore au collège. Nous avons négocié et finalement, nous nous sommes entendus sur un 7. Je lui ai fait la surprise d’un 8 Plus ; il ne sera pas difficile d’imaginer sa joie. Peu de temps après, elle a encore soulevé la question, ce qu’elle voulait véritablement c’était le nouveau design et la technologie rehaussée qui venaient avec la révolution de l’iPhone X. Nous nous sommes engagés de nouveau sur toute une série de discussion, et je lui ai expliqué que si son smartphone fonctionnait bien, il n’aurait vraiment pas été rationnel d’investir dans un nouveau téléphone, alors qu’elle devait avoir d’autres besoins et priorités à combler. Un laptop me sembla plus approprié, c’est ce que je lui ai offert pour sa graduation de fin d’études classiques. Du temps est passé depuis, et pour ses 19 ans, elle eut droit au tout dernier modèle en date, un iPhone 14 Pro Max. Inutile d’ajouter que son bonheur fut incommensurable. Tout ce cheminement, c’est pour soutenir qu’il y a bien une différence entre cadeau et besoin, nécessité et envie ; les parents doivent en être bien imbus, apprendre à contourner certains caprices avec finesse, sous peine de créer leurs propres monstres.
Nous vivons dans un monde de consommation et d’appropriation. Avec les réseaux sociaux, tout le monde est exposé à tout, tout le monde veut posséder tout, tout le monde souhaite s’approprier de tout ce que l’on voit. Je pense que c’est là que les parents, plus que jamais, doivent s’armer de toute la force de caractère nécessaire au bon encadrement des enfants en ce qui concerne les cadeaux et les achats futiles. Il est correct de gâter ses enfants, il est bon de se faire plaisir soi-même, il s’avère encore plus utile de bien balancer les émotions et les utilités pour ne pas tomber dans le m’as-tu-vu et les « foulailles » comme on le dit depuis peu chez nous.
Parlant de chez nous, j’ai aussi remarqué une certaine tendance à la mendicité ces derniers temps. Les gens n’ont plus honte de demander aux autres pour couvrir leurs fantaisies et folles envies. Je comprends que l’on sollicite de l’assistance en cas de besoin réel, mais je trouve cela curieux que l’on devienne à l’aise pour supplier un ami pour qu’il vienne en aide pour des raisons tout à fait relatives. Et cela me semble encore plus choquant que la majorité des jeunes en Haïti, au chômage de surcroit, possèdent des smartphones dont les valeurs excédent les loyers annuels de la famille. Que disent les parents dans tout cela ? Sont-ils derrière ces requêtes et ce mode de vie bohémien qui frise l’indécence ?
Le sujet des cadeaux me semble tout à la fois sensible et important. La semaine prochaine, nous en aborderons un autre aspect, un peu plus enjoué, je le promets.
A sortir prochainement : Les cadeaux 2
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Au plaisir de servir…
Patrick G. Volcy |