Par Robert Lodimus
Il faut évacuer l’élément de fortuité dans la prolifération des crimes enregistrés sur l’ensemble du territoire de la république d’Haïti. Le professionnalisme qui entoure ces pratiques de meurtre et d’assassinat le suggère fortement. Les analyses du phénomène montrent clairement qu’il existe des cerveaux liés à la mafia internationale et locale derrière ces actes de criminalité excessifs qui détruisent la paix, déstabilisent les foyers, clochardisent les familles vulnérables.
Ces bandes d’assassins, – quoiqu’elles soient truffées d’analphabètes –, agissent avec méthode. Elles sont structurées. Hiérarchisées comme l’armée et la police. Cela ne peut pas être le fruit du hasard.
Le Chef des bandits du Village-de-Dieu, le surnommé Arnel, fut exécuté le vendredi 26 février 2021 à l’Estère,une localité du département de l’Artibonite. Ce malfrat avait confié à un animateur d’émission qu’il était initié au maniement des armes à feu au début de la vingtaine dans un bidonville de Port-au-Prince où il a grandi.
Il avait suivi des séances d’entraînement approprié pour apprendre à se servir d’une mitraillette, comme celle qu’il trimbalaitpartout sur ses épaules. Qui assurent la formation militaire de ces jeunes paysans délinquants, qui ne reculent devant rien, et qui n’ont pas peur de se mesurer avec les unités spécialisées de la police nationale?
Tout indique que cette grande calamité nationale a été pensée, construite et finalement érigée en système dans le but de déstabiliser la société haïtienne qui a déjà du mal à trouver un chemin normal et viable pour s’éloigner de la misère.
De la date de la création et de l’installation de cette force nébuleuse appelée « Police Nationale » – dont le véritable rôle était de remplacer les forces armées issues de l’occupation américaine de 1915 – à aujourd’hui, le nombre d’individus tués par balles ou assassinés à l’arme blanche en Haïti dépasse l’entendement en matière d’actes criminels.
Les enquêtes, dans la majorité des cas, n’aboutissent pas. Les coupables se seraient comme volatilisés. Évaporés dans la nature. La corruption a putréfié l’appareil judiciaire.
Pendant ces derniers jours, plusieurs policiers eux-mêmes ont succombé sous les tirs d’individus lourdement armés à Carrefour-Feuilles et ailleurs. Les voyous drogués continuent à incendier des maisons et des véhicules, tuer des innocents, blesser des compatriotes traumatisés et piller leurs maisons, molester et violer des jeunes garçons et des jeunes filles…
La criminalité systémique, telle qu’elle a pris forme après février 1986, doit être vue et interprétée comme l’invention et la manifestation d’une cruauté paroxystique de certaines instances de la communauté internationale envers Haïti. Il s’agit d’un instrument de frayeur contraignante pour casser la résistance des masses qui luttent pour un lendemain meilleur.
Prises de panique devant les ravages du kidnapping, des familles entières ont fait le choix regrettable de s’expatrier. Elles sont allées grossir le nombre des « misérables » cosmopolites qui suent sang et eau dans les « usines de torture » de l’Amérique du Nord pour gagner le salaire minimum.
D’un autre côté, certains immigrants haïtiens ont dû renvoyer aux calendres grecques leur rêve de retour au pays natal, de peur de se faire assassiner, – comme l’ex-président des Philippines, Benigno Aquino, exécuté le 21 août 1983 à Manille –, dès leur descente d’avion ou à leur sortie de l’aéroport Toussaint Louverture.
Nous sommes de plus en plus convaincus que le phénomène du banditisme est scientifiquement théorisé et planifié… Et surtout par des «cerveaux étrangers ». Haïti, à cause de sa situation d’appauvrissement extrême, demeure un terreau fertile pour toutes les activités de gangstérisation.
Robert Lodimus