Le Nouvelliste, le journal centenaire d’Haiti, a publié une lettre de Madame Maria Isabel Salvador, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), adressée au rédacteur en chef du Nouvelliste Frantz Duval suite à la publication de son éditorial du 30 janvier 2024 : « Pour savoir pourquoi la PNH est si faible… ».
Dans son Éditorial, Frantz Duval avait fait une critique-analyse du Basket fund qui est le programme d’appui conjoint à la Police Nationale d’Haiti. “Depuis la mise en œuvre du Basket Fund en juin 2022, le taux de réalisation est resté relativement faible à hauteur de 28% en raison de contraintes sécuritaires et administrative” avait déclaré la cheffe du BINUH. Dans notre article du 31 janvier 2023, notre média, Le Quotidien 509, a informé que depuis le 06 Juin 2022, date de la signature du programme paraphé lors par Helene Lalime, la première réunion du Comité de pilotage du Programme conjoint d’appui à la PNH a eu lieu le 30 janvier de cette année et les acteurs se sont entendus pour renouveler le programme pour 24 mois. Le budget projeté était de 28 millions de dollars. Nous reprenons ici la réponse de Frantz Duval.
Les explications de Madame Salvador nous plongent dans le labyrinthe administratif qui entoure l’appui de la communauté internationale à la Police nationale d’Haïti, particulièrement dans les arcanes du Basket fund institué pour financer le renforcement de la PNH.
Sans entrer dans les détails, on peut réaffirmer que réunir 25.5 millions de dollars pour aider Haïti à sortir du bourbier de l’insécurité, monter un programme sur 24 mois avec ce montant et reconnaître après 18 mois que seulement 28% du fonds est engagé, sont la preuve d’un échec. Il n’y a pas d’autre mot. Bien entendu, on peut aligner à l’infini les raisons, les causes, les explications, les responsabilités. Redire les faiblesses de l’administration haïtienne et les défaillances de la PNH, il demeure que les résultats sont maigres. Trop maigres.
A-t-on le devoir d’être lucide quand on exerce la profession de journaliste dans un pays sous assistance et incapable d’assurer ses devoirs ?
La réponse est oui.
Il n’y a pas encore matière à se féliciter des accomplissements du Basket funds et des autres projets d’appui à la sécurité en Haïti. Soit il y a rétention d’informations et on ignore la nature des réussites, soit l’insécurité galopante est la résultante des mauvaises ou trop faibles solutions adoptées par le gouvernement et ses partenaires. Comme le journal le fait depuis toujours, les journalistes du Nouvelliste sont preneurs des informations sur tous les programmes d’aide à la PNH, en particulier et à Haïti en général.
Les préoccupations et les défis auxquels est confrontée la population haïtienne méritent mieux. Beaucoup mieux qu’un satisfecit de principe.
Le PNUD et ses partenaires financiers dont le Canada, les États-Unis, le Japon, l’Italie, l’Allemagne et l’Union Européenne, ont réaffirmé le 30 Janvier leur engagement à renforcer les capacités de la Police Nationale d’Haïti dans sa mission cruciale de rétablir la paix et la sécurité.
Selon un rapport de l’ONU du 22 janvier 2024, dans un contexte de manque de moyens et de crise politique, les effectifs de la police nationale continuent de diminuer « à un rythme alarmant ». Ainsi, en 2023, 1.663 agents de police, dont 152 femmes, ont quitté l’institution, 48 ont été tués, et 75 blessés. Au 31 décembre, la police comptait 13.196 agents.
Le nombre d’homicides signalés a augmenté de 119,4% en 2023 par rapport à 2022, 4 789 victimes ayant été déplorées, dont 465 femmes, 93 garçons et 48 filles, soit un ratio de 40,9 homicides pour 100 000 habitants, contre 2 183 en 2022, soit un ratio estimé à 18,1 homicides pour 100 000 habitants ».