Depuis bientôt 4 ans, des articles de presse en ligne parlent du commerce des anguilles. Est-ce un commerce comme les autres ou un commerce avec anguilles sous roche pour reprendre l’expression française.
Cette semaine, certains médias en ligne publient des articles assez virulents contre les exportateurs de ces petits poissons osseux transparents à peau visqueuse qui sont pointés à nouveau du doigt.
C’est quoi le commerce des anguilles, comment est-il régulé par l’Etat Haïtien, depuis quand ce commerce se fait-il, qui sont les exportateurs ?
Selon un rapport de la FAO daté de 1990, les anguillidés, ou anguilles, (ZANGUIS) sont des petits poissons avec une bouche caractéristique, tournée vers le haut, bien développée et armée de petites dents. Ils vivent en Europe, Afrique, Asie et en Amérique du Nord et du Sud. Il n’y a qu’un seul genre, qui comprend 16 espèces. Ils s’installent très tôt en eau douce et y restent jusqu’à la maturité. A ce moment, elles descendent vers la mer de Sargasse pour se reproduire. Une seule espèce apparait en Haïti. Et, c’est l’espèce la plus convoitée par les pays comme la Chine, la Corée et le Canada qui sont les trois principaux acheteurs des anguilles d’Haïti.
Le Ministère de l’Agriculture et des Ressources naturelles est l’organe régulateur de ce commerce. Il accorde limitativement les licences d’exportation et en supervise la qualité. Cependant, le ministère n’assume pas seul le contrôle de l’exportation du stock expédié.
Le permis circonstancié d’exportation, les bordereaux de douane et le paiement des taxes sont perçus par les autorités haïtiennes affectées à la perception pour le passage et l’exportation vers le pays ayant placé la commande auprès des exportateurs.
Ils sont le plus souvent embarqués vers les Etats-Unis d’Amérique pour leur première escale, après un strict contrôle de contenu et de qualité par les autorités haïtiennes. Et, arrivés sur le territoire américain, ils subissent à nouveau un traitement de conformité et un contrôle approfondi des autorités américaines dont la DEA et les autres unités de vérification avant d’être ré-embarqués pour leur destination finale.
Ce commerce existait dans le pays depuis les années 80-90, dans une quasi-indifférence, seuls les détenteurs du vrai Pouvoir d’Etat contrôlaient le monopole. Toutefois, cette supercherie des monopolistes a été démasquée par des éléments des classes moyennes doués de discernement et du sens des affaires qui ont compris que la rentabilité s’y trouvait et que ce commerce juteux a trop longtemps échappé à la sagacité des sentinelles de la fiscalité.
Les principaux exportateurs connus étaient les Clérie, les Kim, les Wakim, les Parck, noms bizarrement retracés dans la nomenclature des fils authentiques d’Haïti. Ils ont, seuls, eu traditionnellement droit à l’exploitation de ces genres de ressources haïtiennes.
Cette chasse gardée a été ainsi pénétrée à la défaveur des détenteurs du monopole. La nouvelle configuration relevée dans l’exportation des anguilles a commencé a attiré la foudre des cupides, des jaloux et des envieux.
En 2018, d’après plusieurs médias, certains vieux routiers des exportations ont décidé d’organiser le commerce qui se faisait de manière informelle, afin de maximiser les projets et mettre en place une structure de négociations avec les étrangers, profitable également au fisc. Selon nos sources, des anciens exportateurs n’ayant pas pu, pendant plusieurs années faire grand profit dans le commerce faute de vision, ont décidé de céder leur licence d’exportation jusqu’à 50,000$US, un prix apparemment alléchant pour certains et dérisoire pour d’autres.
De son côté, le ministère de l’agriculture dans ses prérogatives comme organe régulateur peut aussi reprendre la licence d’un commerçant qui n’a pas pu exporter le quota minimum. Il a, en conséquence des effets d’organisation, privilégié certains exportateurs.
L’exportation des anguilles restreintes pour la protection du cheptel à une saison de 6 mois rapportent de l’argent à l’Etat Haïtien et crée une multitude d’emplois directs et indirects.
Le processus de promotion et la multiplicité des acteurs par rapport au tintamarre nous interpelle. On peut se poser de multiples questions et se demander aussi s’il ne s’agit pas ici de règlements de compte personnel, d’amalgame de compétiteurs ou simplement de commérage alimenté par des maitres chanteurs.
Mais pourquoi ces dénonciations autour des exportateurs ?
Dans un prochain article, nous parlerons des millions de dollars que ce commerce est réputé rapporter aux exportateurs actuels notamment à ces éléments de la classe moyenne qui en ont aujourd’hui leur part de la manne.
A suivre
La rédaction