Qui succédera à Éric Delphin Kwégoué au palmarès du Prix RFI Théâtre cette année ? Le camerounais avait été primé l’année dernière pour son œuvre « A cœur ouvert ». Cette année, 3 auteurs haïtiens figurent parmi les finalistes.
Il s’agit de Phannuella Lincufort pour « on ne part pas en guerre avec une vie qui danse », Erickson Jeudy pour « Brigitte endiablée » et Mélissa Beralus pour « Pérejil ».
Dans Pérejil, Mélissa évoque le massacre du Persil (ou Pérejil) raconté par « Tifi », la Grand-mère d’Anacaona qui, elle, s’apprêtait à s’exiler en République dominicaine pour fuir le massacre des gangs. C’est alors que Tifi lui raconte ce massacre dont elle a été témoin de l’autre côté de la frontière. Pour le jury, il s’agit d’un « dialogue d’une grande sensibilité qui revisite l’histoire d’Haïti dans une langue inspirée ».
Brigitte endiablée écrit par Erickson Jeudy est « un texte puissant et lumineux sur le prix de la liberté » qui a retenu l’attention du jury. Nous sommes en 1970, à Saint-Domingue.
Brigitte, une ancienne esclave affranchie et bannies des plantations, est devenue sage-femme. Elle se voit accusée des meurtres de plusieurs enfants. Lorsque les gardes coloniaux viennent l’arrêter, elle a le privilège, en tant qu’affranchie, de prononcer un discours avant la sentence mais arrivera-t-elle à justifier ces actes ? Il faut lire l’ouvrage pour le savoir.
Quant à Phannuella Lincifort, son œuvre « on ne part pas en guerre avec une vie qui danse » raconte l’histoire d’une femme qui attend son exécution en prison. Son crime ? Elle a tué ses neuf agresseurs et avorté de l’enfant du viol.
Par un rituel vodou, elle convoque ce petit être non-né pour faire connaissance avec lui et lui expliquer pourquoi elle lui avait refusé la vie, comme un ultime geste de résistance à l’horreur.
Le jury présente ce texte comme « une écriture âpre et puissante qui déplie le drame haïtien sous le prisme de la lutte des femmes ».
Cette année, ce ne sont pas moins de 138 textes, provenant de 16 pays, qui convoitaient le Prix RFI Théâtre.
Les autres finalistes sont Gad Bensalem de Madagascar pour « Enfant », Amadou Bouna Guazong du Cameroun avec « En route », Jocelyn Dango du Congo pour « Cadavres dans le bas-ventre », Sandra Elong du Cameroune pour « L’honneur des hommes », Gael Thêgoun Hounkpatin du Bénin pour « Louve-garou », Nathalie Hounvo Yepke du Bénin pour « Agoodjié », Djo Kazadi Ngeleka de la RDC pour « Arbre à pépins », Israël Znila de la RDC pour « Silence » et Yélinan Germain Oussou du Bénin pour « Asphaltage à Bokango ».
En 2023, les auteurs haïtiens Stéphanie François pour « Fifi, les tambours et les étoiles » et Rolaphton Mercure pour « Pandémonium » avaient été eux-aussi présélectionnés pour la 10e édition du Prix RFI Théâtre.
La Rédaction
Avec RFI