1.- Le 26 juillet, le CPDEP a organisé une foire électorale au féminin, pourquoi avoir mis les femmes au centre de cette deuxième édition ?
Au prime abord, il est important de souligner que la foire électorale est un exercice de mémoire. Un exercice de mémoire pour rappeler aux différents groupes investis dans la gouvernance politique et électorale du pays et à tous les citoyens haïtiens de manière générale les différents processus électoraux ayant animé la transition démocratique de 1990 jusqu’en 2015. Cette foire est, pour nous, le moment d’exposer des photos d’anciens candidats et d’anciennes candidates ,de vulgariser de la manière la plus exhaustive que possible les différents partis politiques qui, durant la période se sont engagés dans les différentes compétitions électorales mais aussi et surtout le moment d’expliquer au grand public de manière substantielle ce qu’est une campagne électorale , ce qu’est l’administration électorale, ce que sont les opérations électorales , les bureaux de votes, le centre de tabulation, le contentieux électoral et les enjeux liés a la stabilité du pays quant à l’organisation de bonnes élections.
2.- Pourquoi une exposition qui vise les femmes
On a mis la femme au cœur de cette deuxième édition parce que d’abord, les femmes constituent 52% de notre population et que malgré la notion de quota initiée à partir de la 46e législature, la société peine encore à avoir une conscience claire du degré d’implication et de la participation des femmes dans la gouvernance politique. Il y a dans le pays aujourd’hui et depuis des années d’ailleurs des femmes chefs de partis politiques, il y a eu des cartels de maires constitués uniquement de femmes, il y a eu des femmes qui, malgré leur défaite électorale ont su continuer à défendre des positions de principe pour la bonne gouvernance de ce pays.
3.-Comment le CPDEP conçoit la participation politique des femmes en Haïti ?
La participation politique des femmes en Haïti de 1990 à aujourd’hui peut être échelonnée sur trois (3) phases différentes avec chacune leurs caractéristiques spécifiques.
Durant la décennie 1990-2000, la participation politique des femmes en Haïti s’est épinglée à l’étiquette d’un militantisme pour l’existence et le respect des droits de la femme. Par exemple entre 1994 et 1996, le pays, par l’entremise d’une commission nationale de vérité et de justice, a réalisé une enquête sur les crimes commis contre les femmes durant le coup d`État militaire. Toujours en 1994, encore à la faveur d’un militantisme pour les droits des femmes par les organisations de femmes, l`État haïtien a ratifié la convention Belem do Para. Au final, encore en 1994, les femmes se sont mobilisées pour la création du ministère de la condition féminine et aux droits de la femme.
La décennie 2000-2016 a vu l’émergence de femmes leaders militant au sein d’organisations et/ou d’associations à vocations strictement politique. Cette période a inauguré l’ère de l’intégration, quoique timide, des femmes au sein du leadership de certains partis politiques et au niveau du parlement.
Aujourd’hui le pays est en train d’assister à l’émergence de femmes leaders de partis politiques. Autant dire que les femmes sont en route pour la conquête des espaces de décisions. Une démarche lente mais qui portera surement ses fruits.
4.- Quid de la participation du public a cette deuxième édition de foire électorale qui était au féminin ?
Cette journée a rassemblé des adolescents intéressés à la gouvernance et qui, déjà, bénéficient du projet jeunesse et citoyenneté inscrit dans le Programme d’Appui à la Gouvernance (PAG) du CPDEP, des étudiants, des membres d’organisations de la société civile, d’anciens candidats, de potentiels candidats, d’anciens parlementaires, des membres de partis politiques, des leaders émergents, des personnalités du secteur privé, des médias… C’était pour nous au niveau du CPDEP en tant qu’institution qui travaille dans la gouvernance de constater que dans toutes les couches de la société, il y a encore des gens qui restent mobilisés sur les grands dossiers de la gouvernance en Haïti malgré les circonstances que nous connaissons tous.
5.- Le journal a appris la participation de deux invitées d’honneur, qu’est-ce que le grand public devrait retenir de leur propos ?
En effet, nous avions deux invitées d’honneur dans la deuxième édition de la foire électorale. D’abord Madame Marie Denise Claude qui est une ancienne Ministre à la condition féminine, un responsable de parti politique et une ancienne candidate au Sénat pour le département de l’Ouest. Dans ses propos madame Claude, en ayant fait un historique assez important des différentes phases de la lutte des femmes en Haïti, a insisté sur la nécessité que les femmes intègrent les partis politiques qui constituent les véritables tremplins à la prise du pouvoir. Deuxièmement, l’on a eu Madame Marie Françoise Suzan qui est l’actuelle Ministre à la condition féminine. Dans ses propos, la Ministre a exposé ses principaux chantiers qui consistent essentiellement au renforcement de la lutte pour l’autonomisation des femmes, au lancement d’une campagne de sensibilisation pour la participation des femmes dans le processus électoral à tous les niveaux et surtout à l’accompagnement des mères célibataires et des jeunes filles.
Soulignons aussi la participation remarquable de l’ancienne ministre et DirectriceExécutive du CEP Madame Gabrielle Hyacinthe qui a fait un récit détaillé de son parcours au plus haut niveau de l‘État ainsi que les leçons apprises.
6.-Pouvez-vous nous rappeler ce que c’est que le CPDEP ?
Le Centre pour la Promotion de la Démocratie et de l`Éducation Participative (CPDEP) est un Think Tank qui s’investit dans la gouvernance. Une boite d’opérations et de management politique. Depuis pratiquement dix (10) ans, le centre conduit un ensemble d’activités sur le territoire national avec des organisations de la société civile, des partis politiques, des écoles et le secteur privé à travers son Programme d’Appui à la gouvernance qui compte plusieurs projets, notamment le projet Jeunesse et Citoyenneté, le projet Ecole-écolo, le Projet d’Appui aux Partis Politiques, le Projet d’Appui à la Mobilisation Communautaire pour ne citer que ceux-là…
Le CPDEP est une institution indépendante financé par des partenaires nationaux à travers son fonds d’Appui à la gouvernance.
La rédaction