Le lundi 5 août 2024, au nom du Ministère des Affaires étrangères, Mme Dominique Dupuy a soumis, fièrement, au troisième Conseil du gouvernement Garry Conille, 2 arrêtés, 1 décret et 3 avant-projets de Décret relatifs à la réforme de la diplomatie haïtienne en vue de leur éventuelle adoption en Conseil des Ministres.
Les Haïtiens vivant en dehors du pays restent très concernés par les initiatives de la ministre Dupuy. Ils subissent aussi de plein fouet les conséquences de la crise en Haïti, du surplace du gouvernement et du leadership douteux à exécuter la feuille de route soumise par l’Internationale le 11 Mars 2024 à la Jamaïque.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le PM Garry Conille et la direction de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ne semblent pas conscients de leur agenda après 4 mois de l’investiture des 9 membres du Conseil présidentiel de transition. Et, pourtant, la feuille de route de cette équipe établie dans la déclaration de la Caricom est claire : “…Plan d’action pour la sécurité à court terme et à la voie d’élections libres et équitables”. Donc 2 “petits” chantiers.
Peut-être, que le CPT et le Gouvernement se rendant compte de leurs difficultés communes à réaliser ces 2 chantiers (sécurité et élections) ont-ils décidé, pour compenser, de se tourner vers d’autres projets tout aussi importants à leurs yeux et qui leur donnent de la visibilité dans les médias et sur les réseaux sociaux. On ne pourra pas dire que le CPT et le PM ne bougent pas et qu’ils n’ont pas de projets.
Des projets qui, d’après eux, seront appréciés par cette population décapitalisée et traquée par les bandits, celle qui pleure la perte de ses enfants, le kidnapping d’un parent ou d’un proche, celle qui, désabusée, cherche son salut dans la fuite.
Des projets qui feront oublier l’humiliation et le stress quotidien liés au séjour sans délai sur l’autre partie de l’île.
Des projets intempestifs qui feront oublier les disparus en haute mer en quête continue d’une vie meilleure.
Des projets pour digérer l’anxiété de soumettre à réquisition son passeport haïtien. Un passeport qui a déjà perdu ses lettres dorées qui l’identifiaient, comme pour signaler à l’étranger que Haïti est en train de s’effacer de la carte du monde.
Des projets qui feront oublier le traumatisme des enfants et des femmes victimes des gangs armés, violés cruellement par les bandits.
Des projets qui feront oublier Fontamara, Martissant, Croix-des-Bouquets, Ganthier, Pernier, Carrefour, Mariani, Gressier, Laboule, Thomassin, Canaan et l’Artibonite.
Des projets qui banalisent et font oublier la Résilience du peuple Haïtien.
Aujourd’hui, les haïtiens attendent de la Ministre des affaires étrangères des actions d’éclat auprès des pays où les Haïtiens sont en difficultés comme la République Dominicaine, le Chili et le Brésil. Dans ces pays et bien d’autres, les professionnels, les jeunes et les étudiants haïtiens sont livrés à eux-mêmes à cause du silence voire de l’inaction de la diplomatie haïtienne.
Si pour la Ministre qui cumule le ministère des Affaires étrangères, des cultes et des Haïtiens vivant à l’étranger, l’heure est à la réforme de la diplomatie, pour les ressortissants haïtiens à l’extérieur du pays l’urgence est dans la résolution des problèmes et des conflits engendrés par le manque de Leadership et de Vision de l’Etat haïtien.
Le peuple haïtien attend des actions et non des décrets, des arrêtés et encore moins des projets qui viendront encore garnir le fond des tiroirs pour la galerie.
Le peuple haïtien demande que cesse l’escalade des scandales, que la corruption soit freinée et que les protagonistes de quel qu’horizon qu’ils puissent être soient punis, que des exemples de corrections soient tracés selon les principes de l’Etat de Droit.
Il est temps que s’arrêtent les tâtonnements et les pirouettes de dilettantes. Les dirigeants d’aujourd’hui qui furent les opposants d’hier doivent se souvenir des revendications qu’ils faisaient à cor et à cri pour ce peuple qui ne peut plus attendre.
La rédaction